Le plan "Réussir en licence" semble satisfaire les acteurs de l'université

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Valérie Pécresse a présenté jeudi un plan "Réussir en licence" doté de 730 millions d'euros sur 2008-2012, visant à "diviser par deux le taux d'échec" en première année d'université et accordant à chaque étudiant en moyenne cinq heures hebdomadaires d'encadrement pédagogique supplémentaire. Une réponse aux protestations générales des étudiants qui semble satisfaire les syndicats dans l'attente de la mise en place concrète de ces mesures.

Sur le papier, le programme est ambitieux. Reste désormais à le mettre en oeuvre. Dans l'ensemble, les acteurs de l'université, et en premier lieu les syndicats étudiants, ont accueilli favorablement le plan "Réussir en licence" présenté jeudi par Valérie Pécresse. Pour Jean-Baptiste Prévost, le nouveau président de l'Unef, "la réussite devient enfin une priorité. On a aujourd'hui une base de travail intéressante qu'on compte enrichir". Plus enthousiaste encore, Thiébaut Weber, le président de la Fage, a estimé que ce "plan pluriannuel pour la licence est assez ambitieux. C'est une bonne surprise pour nous de voir déployé un plan comme celui-là. C'est une petite révolution pédagogique". Tous attendent de pied ferme la mise en place des mesures annoncées.

Seule réticence : les moyens humains nécessaires pour lancer cette réforme n'existent pas encore. Le Snesup-FSU, le principal syndicat enseignant a parlé d'un "plan pseudo-concerté", annoncé de surcroît alors que "les moyens n'existent pas, et sans création d'emplois statutaires". Valérie Pécresse a promis de son côté que pour 2008, 700 emplois équivalent temps plein étaient prévus, avec le recrutement de 2.250 "moniteurs", des étudiants en thèse qui bénéficient d'une allocation. La ministre de l'Enseignement supérieur envisage aussi de "recourir" aux heures supplémentaires.

Rénovation du contenu de la licence, meilleure orientation, accompagnement personnel renforcé et priorité aux bacheliers technologiques et professionnels dans les IUT et STS (ex-BTS), tels sont les axes principaux du plan "Réussir en licence" présenté jeudi par la ministre de l'Enseignement supérieur. Pour le financer, "l'Etat consent un effort budgétaire considérable, de manière pluriannuelle, en investissant 730 millions cumulés d'ici à 2012", étalés progressivement entre la rentrée 2008 et la rentrée 2012, indique le ministère. Cela "équivaut à une hausse du budget dédié à la licence de 43%".

A partir de la rentrée 2008, "les universités disposeront d'un volume d'heures disponibles de 5 heures hebdomadaires supplémentaires par étudiant, pour chaque année de Licence, destinées à un encadrement pédagogique plus soutenu", sous forme soit "d'heures complémentaires d'enseignement", soit de "tutorat", soit de "monitorat". La première année de la licence, baptisée "fondamentale", deviendra "pluridisciplinaire" et mettra l'accent sur la culture générale, les langues étrangères, la méthode, l'autonomie. Les étudiants bénéficieront du soutien d'un "enseignant référent". La deuxième année, dite "de consolidation", rénovée à la rentrée 2009, constituera la véritable étape d'entrée dans la spécialisation disciplinaire. Au cours de la troisième année, "de spécialisation", rénovée à la rentrée 2010, les étudiants devront valider un stage.

Pour la mise en oeuvre anticipée de ce plan au début de l'année 2008 - promise par la ministre pour sortir du mouvement de contestation dans les universités contre la loi Pécresse - le gouvernement table sur les présidents d'université, qui ont accepté la semaine dernière de puiser dans leurs fonds de roulement. "Ce plan a pour ambition de diviser par deux le taux d'échec en première année en 5 ans, de faire de la licence un vrai diplôme national qualifiant d'insertion ou de poursuite d'études et d'atteindre l'objectif de 50% d'une classe d'âge au niveau licence", explique le ministère.

La protestation contre la loi Pécresse semble désormais presque terminée. C'est un petit cortège de 450 étudiants et lycéens qui a manifesté dans les rues de Paris jeudi après-midi. A Montpellier 3, qui était un des derniers bastions de la mobilisation, les étudiants ont voté jeudi à 79% contre le blocage de l'université. Le comité de mobilisation avait appelé à ne pas participer à ce scrutin et annoncé qu'il ne tiendrait "pas compte du résultat". Mais dans le même temps, le tribunal administratif de Montpellier, sur demande des anti-blocages, a donné jusqu'à la fin de la semaine au président de ce site pour garantir un accès normal aux cours, sous peine d'astreinte. A Lille 3, le déblocage a été réalisé par les CRS jeudi après-midi.