Le médecin légiste en difficulté au procès Colonna

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Paul Marcaggi qui avait présenté la semaine dernière un élément favorable à Yvan Colonna, assassin présumé du préfet de Corse Claude Erignac, a été mis en difficulté lundi lors d'une nouvelle déposition. Le médecin légiste s'est cette fois refusé à évoquer la taille du tireur.

Paul Marcaggi, l'homme qui a réalisé l'autopsie du préfet Erignac, abattu de trois balles à Ajaccio le 6 février 1998, n'a ni démenti ni répété explicitement sa conclusion initiale selon laquelle le tireur devait être "au moins de même stature que le préfet", soit 1,83 mètre, au 6e jour d'audience. Le médecin légiste a estimé que le préfet avait bien été tué par un tir "quasiment à l'horizontale" mais s'est refusé à aller cette fois jusqu'à évoquer la taille du tireur, ce qui, a-t-il reconnu, ne relève pas de son métier mais de celui d'un expert en balistique. Yvan Colonna ne mesurant qu'1,72 mètre, sa déclaration, une première en presque dix ans de procédure, avait fait sensation au procès la semaine dernière.

"Je suis ajaccien mais je tiens quand même à préciser que ça fait 12 ans que je fais de la médecine légale en Corse et que je n'ai subi aucune pression, ni de la part de la défense ni d'aucune part", a dit l'expert à la barre. Il s'est ensuite livré à un exposé technique de près de deux heures. La première balle, qui a tué le préfet, est entrée derrière l'oreille gauche à une hauteur de 1,70 mètre et elle est ressortie par le front à une hauteur de 1,68. Il est difficile de déduire de cet élément la taille du tireur, car "son poignet est flexible et son bras peut être plié", a fait remarquer le président de la cour d'assises Dominique Coujard.

La cour a projeté une deuxième fois les photos de l'autopsie de Claude Erignac, également embarrassantes pour l'expert. Des tiges en fer avaient été placées dans les orifices créés dans la tête par les balles afin d'en déterminer les trajectoires. Elles semblent clairement ascendantes sur les photos projetées, mais l'expert a assuré qu'il s'agissait d'un problème de perspective et maintenu sa conclusion d'un tir "quasi-horizontal". Une aubaine pour la défense qui retient un élément à décharge, tandis que les avocats de la famille Erignac juge cette déposition non concluante car confuse.

Cet épisode ajoute aux difficultés de l'accusation, qui en est paradoxalement à l'origine par ses questions, et ne dispose pas de preuves matérielles contre l'accusé, mais seulement de dépositions rétractées des hommes déjà condamnés. Les témoins oculaires font aussi défaut. Le premier à être entendu lundi, Jean-Pierre Versini, a déclaré à la barre avoir vu, avant le crime, deux hommes attendre près du théâtre où se rendait le préfet. Ils avaient environ 25 ans, il y avait un "sportif au nez aquilin plutôt grand" et un "plus gros, bien portant". "Je ne reconnais pas M. Colonna", a-t-il dit spontanément. Le procès se poursuit mardi avec d'autres témoins oculaires.