Le député-maire poignardé : "j'ai senti des coups dans le dos"

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Thomas Sotto, avec B.B , modifié à
EXCLU - Bernard Reynès, élu UMP de Châteaurenard a été attaqué lors des commémorations lundi 11 novembre.

Le contexte. Stupeur et incompréhension. Lundi, alors qu’il défilait lors des cérémonies de commémoration du 11-Novembre, le député-maire UMP de Châteaurenard, Bernard Reynès, a été frappé de trois coups de couteaux par un homme d’une trentaine d’années. Un conseiller municipal et un adjoint au maire ont également été blessés. L’agresseur, lui, a été placé en garde à vue sous le chef de "tentative d'homicide",  et "une expertise de son état mental sera nécessaire".

>> Au lendemain de cette agression, l’élu a accepté de répondre aux questions de Thomas Sotto sur Europe 1.

Comment allez-vous ?
 Je souffre beaucoup puisque j’ai pris trois coups de couteaux qui sont rentrés entre six et sept centimètres chacun. Je suis également soulagé parce que le médecin avait peur que le rein soit perforé mais, heureusement, la lame est partie en inclinaison et a donc raté le rein.

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Vous vous souvenez de la façon dont s’est passée l’agression ?
 Je marchais, je suivais la cérémonie. Nous arrivions, comme il est de tradition, au cimetière, et puis j’ai senti des coups, tapés très très forts dans le dos. J’ai entendu des cris. La personne m’a hurlé : ‘va te faire…’ Je me suis alors retourné et j’ai vu des gens hurler parce que le sang a giclé. Et puis je me suis inquiété car j’ai vu un de mes adjoints par terre et une autre qui pleurait et criait.

Pensez-vous que votre agresseur a fait cela pour tuer ?
 D’après le médecin, il n’y a pas de doute, oui. Je ressens un climat très lourd, d’agressivité, une souffrance générale qui se traduit par un climat que je n’ai jamais vu. Un défilé du 11-Novembre, qui est un symbole républicain fort, et se prendre des coups de couteaux dans le dos… on se pose des questions.

"C'est la République que l'on ne respecte plus"

Vous parlez du climat local ou national ?
 National. Je sens que les tensions s’exacerbent. Peut-être que des esprits fragiles, portés par ce climat délétère, peuvent passer aux actes.

On vous sent très affecté moralement…
 C’est la République que l’on ne respecte plus, c’est le statut d’élus qui ne représente plus grand-chose pour les gens. Ce qui s’est passé aujourd’hui contribue à créer un sentiment de perte de repères.

Allez-vous continuer la politique ?
 Plus que jamais ! J’ai le sentiment que les élus sont utiles, ont l’envie de changer. Quand les gens critiquent la politique, je leur réponds : ‘d’accord mais vous, qu’est-ce que vous faites ?’ Nous, au moins, on essaye…"

Avez-vous reçu des messages de soutien ?
 Le cabinet de Matignon m’a appelé, Alain Vidalies (ministre chargé des Relations avec le parlement, Ndlr) Manuel Valls aussi et il a fait une sorte de parallélisme entre les sifflets qu’il y a eus pour le 11-Novembre et ce qui s’est passé à Chateaurenard. On a un peu discuté sur ce climat que lui aussi trouve particulièrement pesant lourd. Le président de l’Assemblée nationale m’a également appelé et cela m’a infiniment touché.

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Et Nicolas Sarkozy ?
Oui, il faut que je le rappelle. Fillon et Copé aussi. Ils ont été nombreux à m’appeler dans mon camp. Sarkozy m’a dit qu’il était horrifié par ce qu’il s’était passé mais qu’il me connaissait bien et qu’il savait que je ne me laisserais pas abattre. Dès mardi prochain, je reviendrais à l’Assemblée nationale, et dès la semaine prochaine, je reviendrais en ma mairie de Chateaurenard pour reprendre mes fonctions.