Le bilan d’Angela Merkel en terme de réformes est-il inexistant ?

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Kim Biegatch et Laurent Guimier
FACT-CHECKING – Jean-Christophe Cambadélis affirme que la chancelière n’a rien fait de plus que gérer les grands chantiers lancés par son prédécesseur. Vrai ou faux ? 

LA PHRASE – Le député PS Jean-Christophe Cambadélis était l’invité de BFM TV dimanche. Alors que la chancelière allemande Angela Merkel était largement plébiscitée par la droite après sa réélection, le secrétaire national chargé de l’étranger n’a pas manqué d’écorner l’image d’une dirigeante modèle. Il a rappelé qu’avant la femme de droite Merkel, il y a eu l’homme de gauche Gerhardt Schröder. Et d’après le député, c’est ce dernier qui est responsable des grandes réformes qui ont permis de remettre l’Allemagne d’aplomb. Il ajoute qu’Angela Merkel «n'a pas fait de réforme : elle les a gérées ». 

>> Dans sa chronique, Laurent Guimier revient sur cette déclaration :

 

Depuis le début des années 2000, l’Allemagne a connu deux grandes réformes économiques. En 2003, Gerhard Schröder lance une première grande réforme du marché du travail. Quatre grandes lois sont adoptées en 2003. Parmi elles, une loi qui oblige les chômeurs à accepter un emploi, y compris si le salaire proposé est inférieur à l’indemnité-chômage. A l’époque, les sociaux-démocrates sont au pouvoir. Ces réformes sont donc bien imputables au chancelier de gauche.

Malgré cela, on ne peut pas dire, comme Jean-Christophe Cambadélis, que Schröder est le seul à avoir lancé des grands chantiers que la droite n’a fait que “gérer”. En 2007, Angela Merkel entame en effet une grande réforme qui va sauver l’Allemagne : la réforme des retraites. La chancelière fait voter le passage de l’âge légal à 67 ans. Cette mesure, très impopulaire, passe grâce aux sociaux-démocrates dont les voix sont indispensables pour avoir la majorité. Mais c’est un fait : Angela Merkel est aux manettes. On ne peut donc pas dire que toutes les réformes économiques des 15 dernières années en Allemagne sont dues aux sociaux-démocrates. S’il s’agit de la seule réforme économique engagée par la chancelière, elle y a ajouté la fin du service militaire obligatoire et la sortie du nucléaire en 2022.