C'était le match impossible pour les Bleus et en même temps le match à ne pas rater. Bousculé en mêlée, tourneboulé en touche, percuté dans les phases offensives, le XV tricolore a souffert mais il a tenu à Cardiff samedi soir. Les Blacks ont été à la hauteur de la rencontre, à la hauteur de leur réputation de terreurs des terrains aussi avec leur jeu tout en percussion. Mais ils ont finalement été battus sur le fil (18-20). Les Bleus, auteurs de deux essais, l'emportent au terme d'un suspense haletant. Les parieurs sont marris : les favoris ont perdu.
Le déclic est venu après plus de soixante-cinq minutes de match, sur un coaching efficace de Bernard Laporte. Avec l'entrée de Michalak et Chabal notamment, le sélectionneur a donné du sang frais et un supplément d'âme à ces Bleus qui peinaient jusque là à trouver l'ouverture dans les lignes néo-zélandaises. Mais il faut rendre à César ce qui est à César, ce sont bien Dusautoir puis Jauzion qui ont inscrit les deux essais bleus. Côté black, la perte coup sur coup de Dan Carter et Nick Evans à l'ouverture a constitué sans nul doute un handicap.
En première mi-temps, les Français avaient pourtant semblé un temps bien mal en point. A l'image de Serge Betsen, un costaud mis K.O par le Néo-Zélandais Joe Rokocoko. A l'image aussi de Beauxis et Elissalde, peu adroits à l'ouverture, pas vraiment précis dans leur jeu au pied. Mais l'intention française était sans nul doute là dès le coup d'envoi. Il suffit de repenser pour s'en assurer à l'affrontement entre les deux équipes dès le haka. Les Français se sont tenus au plus près des "Gris", sur la ligne, solidaires, le regard droit devant, à la limite de la provocation. Le cap était fixé, les Français ne s'en sont pas détournés.
C'est donc la France qui rencontrera en demi-finale l'Angleterre dans une semaine tout juste au Stade de France à Saint-Denis. Le XV de la Rose a battu samedi dans l'après-midi les Australiens à Marseille sur un tout petit score 10-12. La première affiche connue dans le dernier carré du Mondial 2007est donc européano-européenne, elle vient infirmer la domination des équipes venues de l'hémisphère sud en ce début de compétition. Et c'est tant mieux pour les Bleus.
Fannie Rascle