Le Pen se prononce mardi sur le second tour

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Administrator User , modifié à
Après son élimination le 22 avril et une semaine de silence, Jean-Marie Le Pen donnera mardi sa position pour le second tour de la présidentielle devant ses partisans réunis à Paris pour le traditionnel défilé en l'honneur de Jeanne d'Arc.

Marine Le Pen estime que le président du Front national, qui a obtenu 10,44% des voix, est "le seul qui ait véritablement les clés" du scrutin qui oppose Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal, et non le centriste François Bayrou. Jean-Marie Le Pen, arrivé quatrième au premier tour, donnera mardi sa position pour le second tour devant ses partisans réunis à Paris pour le traditionnel défilé en l'honneur de Jeanne d'Arc. Compte tenu de son échec au premier tour, qui a suscité des critiques au sein de l'état-major frontiste sur la stratégie suivie, Jean-Marie Le Pen a "pris le temps de la réflexion et a pris des avis", dit-on à la direction du FN. Il y a cinq ans, la question ne s'était pas posée puisque le dirigeant du FN s'était qualifié à la surprise générale pour le second tour, aux dépens du candidat PS Lionel Jospin. En 1988, Jean-Marie Le Pen n'avait pas choisi entre "le pire et le mal", c'est-à-dire entre François Mitterrand et Jacques Chirac. Cette fois, le problème est plus complexe car Nicolas Sarkozy a capté environ 20% des voix FN de 2002 dès le premier tour. Et au second, 77% des électeurs de Jean-Marie Le Pen ont de toute façon l'intention de voter pour le candidat UMP, contre 23% pour Ségolène Royal, selon un sondage Ifop publié dimanche. Une partie des caciques du Front national souhaitent que leur dirigeant n'appelle pas à voter pour Nicolas Sarkozy, accusé d'avoir pillé ses idées et ses voix. D'autres maintiennent que le président de l'UMP est quelqu'un avec qui l'on peut parler, contrairement à Jacques Chirac, et une minorité veut voter Royal pour faire battre un candidat atlantiste. En raison de la déception du 22 avril, les dirigeants du FN ne s'attendent pas à une grande affluence lors du défilé de mardi, de l'église Saint Augustin à la place de l'Opéra où Jean-Marie Le Pen prononcera son discours. Il devrait appeler ses troupes à la mobilisation en vue des législatives de juin où le FN alignera 577 candidats avec un espoir encore amoindri d'avoir des élus, ce qu'il n'avait pu obtenir en 2002 en dépit de ses 16,8% à la présidentielle. Lors d'un bureau politique, la semaine dernière, une minorité de cadres du parti d'extrême droite ont critiqué la stratégie de "dédiabolisation" et d'ouverture mise en oeuvre par Marine Le Pen pendant la campagne présidentielle. Tous considèrent que le vote utile, qui a touché autant la droite que la gauche, ne suffit pas à expliquer la perte d'un million de voix en cinq ans par Jean-Marie Le Pen. Même s'il a concédé que ce n'était pas "la chute de la maison Le Pen", Bruno Gollnisch estime que la "dédiabolisation" du FN menée par Marine Le Pen a "peut-être été perçue comme un recentrage" laissant trop de champ à Nicolas Sarkozy. Le député européen Jean-Claude Martinez s'en est pris pour sa part à la fois à Marine Le Pen et à Bruno Gollnisch, son rival présumé. "Jean-Marie Le Pen a été l'acteur magistral dans un film dont le metteur en scène n'avait aucun scénario. La campagne a manqué de direction stratégique", a-t-il asséné. Quant à Bruno Mégret, le président du Mouvement national républicain (MNR) qui s'était rallié à la candidature du président du FN, il a affirmé que Marine Le Pen avait orienté la campagne dans une direction "qui lui a été fatale". Selon lui, la vice-présidente du FN a "fait les yeux doux" à Nicolas Sarkozy alors que le parti aurait dû "matraquer les positions" du candidat de l'UMP pour démontrer le caractère mensonger de la droitisation de son discours.