Le Pacs de la discorde pour la coalition de Prodi

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Administrator User , modifié à
La fragile et hétéroclite coalition au pouvoir en Italie autour de Romano Prodi est mise à rude preuve par un projet de loi élargissant les droits des couples hétérosexuels non mariés et homosexuels, sur le modèle du Pacs français. Pour preuve, le ministre de la Justice, un catholique pratiquant, a déclaré qu'il préfèrerait la chute du gouvernement à l'adoption d'une loi qu'il juge immorale. Dans un récent sondage, 7 Italiens sur 10 se sont déclarés favorables à un Pacs à l'italienne.

On se souvient de manifestations contre le Pacs en France lors de son instauration par le gouvernement Jospin, c'est au tour de l'Italie de s'attaquer à ce sujet. Mais, dans un pays où les valeurs catholiques de la famille sont encore très présentes, le sujet provoque une grande polémique et menace même la coalition de gauche de Romano Prodi. Deux ministres ont préparé un projet de loi qui autoriserait les couples non mariés, quelle que soit leur orientation sexuelle, à se voir délivrer par les municipalités des certificats confirmant qu'ils forment un couple. Cela leur permettrait de bénéficier de certains droits en matière d'assurance, de retraites et de transfert de contrats de location et d'accéder à des listes d'attentes pour des logements sociaux ou des emplois dans la fonction publique. Le texte introduirait dans le droit italien la notion de pacte civil de solidarité ou Pacs, comme on l'appelle en France. Il devra d'abord être examiné par le gouvernement, puis par le parlement. La polémique autour de cette loi a pris de l'ampleur ce week-end, Clemente Mastella, le ministre de la Justice, ayant eu un vif échange verbal avec Piero Fassino, chef du plus grand parti de la coalition, les Démocrates de gauche (DS). La formation de Clemente Mastella, l'Udeur, est l'un des huit autres partis de la coalition plutôt hétéroclite de Romano Prodi, qui a déjà connu des tensions internes liées au dossier des retraites et du déploiement de soldats italiens en Afghanistan. "Je m'en fiche si le gouvernement tombe, je ne vais pas voter pour cette loi", a déclaré le ministre de la Justice. "Les homosexuels peuvent acquérir de nouveaux droits mais je n'accepterai jamais l'idée qu'ils puissent être considérés comme formant une famille." Par ailleurs, le secrétaire général de la Conférence des évêques italiens a mis en garde le gouvernement contre l'adoption d'une loi qui "déboulonnerait" la famille traditionnelle. La plupart des membres de l'opposition de centre-droit emmenée par l'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi sont hostiles à la reconnaissance légale des couples non mariés.