La polémique sur les expulsions via Air France

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les représentants du personnel d'Air France comptent réclamer jeudi lors de l'assemblée générale des actionnaires l'arrêt des expulsions d'immigrés en situation irrégulière à bord des appareils de la compagnie. La direction estime de son côté qu'il ne lui appartient pas de remettre en cause des mesures "prises dans le cadre d'un État de droit". 6.000 expulsions par avion ont été effectuées de janvier à juin 2007, selon la police.

Le malaise monte chez Air France. En cause, les expulsions d'immigrés en situation irrégulière à bord des appareils de la compagnie, que le personnel à bord supportent de plus en plus mal. Trop d'incidents, de scènes violentes, de vols annulés ou encore de passagers qui terminent devant le tribunal parce qu'ils ont pris fait et cause pour la personne expulsée... Le 5 juillet lors d'un comité central d'entreprise, les élus des salariés ont adopté une motion pour demander "l'arrêt de l'utilisation des avions du groupe" pour les expulsions d'immigrés en situation irrégulière. La motion va être présenter ce jeudi lors de l'assemblée générale des actionnaires. Selon les représentants du personnel, les expulsions via les avions d'Air France-KLM ne sont pas bonnes pour l'image de la compagnie et nuisent à la sécurité des vols. Du côté de la direction, on avance qu'il ne lui appartient pas de remettre en cause des mesures "prises dans le cadre d'un État de droit". Mais le P-DG, Jean-Cyril Spinetta, ne cache pas que ces expulsions lui pose problème. Il a même déclaré lors du comité central d'entreprise du 5 juillet que la compagnie se passerait bien de ces expulsions. "Si le gouvernement décidait de passer par un autre système qu'Air France, je m'en réjouirais personnellement", avait-il ajouté. L'association de défense des actionnaires minoritaire d'Air France a elle déjà demandé à l'Etat qu'il utilise ses propres moyens pour les expulsions, invoquant des raisons de sécurité. De son côté, la Direction générale de la police nationale a déclaré avoir procédé à 6.000 "éloignements d'étrangers en situation irrégulière par voie aérienne" au cours des cinq premiers mois de 2007, et avoir constaté pendant cette période 280 refus d'embarquement. Parmi ces refus, seuls sept ont été le fait des commandants de bord des avions servant aux reconduites, souligne-t-elle dans un communiqué. Elle met l'accent en outre sur l'existence d'une unité de la Direction centrale de la police aux frontières spécialisée dans les "escortes" d'étrangers expulsés et constituée de 200 policiers "tous volontaires" et "sélectionnés pour leurs qualités de sang-froid et de maîtrise".