La mort secrète du fondateur de LO

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Robert Barcia, alias Hardy, est mort à 80 ans le… 12 juillet 2009, révèle jeudi Marianne2.fr.

Robert Barcia est mort comme il a vécu la plus grande partie de sa vie : dans le plus grand secret. Le co-fondateur de Lutte ouvrière (LO), connu dans son parti sous le pseudonyme de Hardy, est décédé le… 12 juillet 2009. Il aura donc fallu attendre plus d’un an pour que la nouvelle soit connue, grâce au site internet de Marianne, qui révèle jeudi l’information. L’hebdomadaire s’est fait confirmer le décès par l’état-civil.

 

"Hardy nous avait demandé explicitement et solennellement de ne rien dire", a déclaré à l'AFP Arlette Laguiller, figure historique de LO en confirmant cette information. "Ne pas rendre publique sa mort, ce n'était pas la cacher, c'était simplement le comportement de tout être humain normal par rapport aux dernières volontés d'un proche dans son souhait de mourrant" alors qu'il était "malade et handicapé", a-t-elle poursuivi. "Ca nous a tous touchés comme quand on perd un parent".

 

Il prend ses distances avec le PCF

 

Ce culte du secret, c’est Robert Barcia lui-même qui l’avait institué au sein de Lutte ouvrière. Au point que pour le grand public, qui ignorait jusqu’à son existence, le parti d’extrême-gauche a été totalement incarné pendant plus de trois décennies par Arlette Laguiller. Mais celle qui a participé à six élections présidentielles -dépassant les 5 % des suffrages en 1995 et 2002-, étaient, comme tous ses camarades, sous les ordres de Hardy.

 

Né en 1928 à Paris, Robert Barcia a rapidement milité auprès des mouvances communistes. Il sera même arrêté et emprisonné pendant près de cinq mois de septembre 1943 à février 1944. Après la Libération, il s’éloigne de l’omnipotent PCF après l’assassinat par des militants communistes de son ami Mathieu Bucholz. Hardy embrasse alors les idées du trotskysme, hostiles à Staline et à l’URSS.

 

Après avoir milité à l’Union communiste, disparue en 1949, il crée Voix ouvrière en 1956. Le mouvement est interdit en juin 1968, après les événements de mai. Robert Barcia décide alors de créer la même année un nouveau parti en compagnie de Pierre Bois. La nouvelle formation prend le nom de l’organe de presse de Voix ouvrière : Lutte ouvrière. Le plus important mouvement trotskiste français vient de naître.

 

Pas épargné par les critiques

 

Echaudé par la lutte parfois violente avec le Parti communiste et par la répression du pouvoir, Hardy impose aux membres de LO le secret. Lui-même restera dans l’ombre, même quand son parti remportera quelques beaux succès dans les urnes. Le parti dépasse ainsi les 5% des voix aux présidentielles de 1995 et 2002, aux cantonales de 2001 et, associé à la LCR d’Olivier Besancenot, aux européennes de 1999.

 

Malgré sa discrétion, Robert Barcia n’a pas été épargné par les critiques. D’abord sur son fameux culte du secret, qui lui vaudra d’être qualifié de gourou par les adversaires de Lutte ouvrière, souvent à l’extrême-gauche. "Vraiment, la légende du gourou et de la secte, ça a toujours été ridicule. C'est le fantasme de la presse depuis longtemps", a réagi Arlette Laguiller.

 

Ensuite pour sa carrière professionnelle. Visiteur médical de profession, Hardy a créé une société, l’OPPM, spécialisée dans la formation médicale. Lui a toujours soutenu n’avoir jamais mieux gagné sa vie qu’un ouvrier. Mais dans un ouvrage sorti en 1999*, François Koch affirme que Roibert Barcia était "actionnaire et dirigeant de plusieurs sociétés de services aux industriels du médicament depuis trente ans". Selon ce détracteur, Hardy était donc "collaborateur du patronat le jour et un trotskiste intransigeant le soir". Mais pour ces affirmations, l’auteur a été condamné pour diffamation en 2001.