La maison Royal a-t-elle encore un avenir ?

Les dirigeants socialistes ont rendu hommage à celle qui avait défendu les couleurs du PS en 2007, voyant dans son face à face malheureux avec Nicolas Sarkozy les racines de sa déroute à la primaire.
Les dirigeants socialistes ont rendu hommage à celle qui avait défendu les couleurs du PS en 2007, voyant dans son face à face malheureux avec Nicolas Sarkozy les racines de sa déroute à la primaire. © Maxppp
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Après sa lourde défaite dimanche, Ségolène Royal a vu son rêve de prendre sa revanche en 2012 anéanti.

Quand le PS va bien, Ségolène Royal va mal. Après avoir porté les espoirs de 17 millions de Français à la présidentielle de 2007, la candidate socialiste est tombée sous la barre des 7% dimanche, arrivant quatrième à l'issue du premier tour de la primaire socialiste. Et elle accuse le coup.

"Royal comme grand leader, c'est fini"

Très tôt dans la soirée de dimanche, Ségolène Royal a "pris acte" d'un résultat "très décevant". Quelques instants plus tard, encerclée par une horde de journalistes à son retour à son QG parisien de campagne, la candidate socialiste habituée à se montrer "forte" et "inoxydable" n'a pu contenir ses larmes, lâchant la voix nouée par l'émotion : "c'est très dur". "C'est beaucoup de choses données, beaucoup de déceptions pour tous ceux qui ont soutenu... c'est très dur", a-t-elle alors confié, avant de se ressaisir et de promettre : "je m'en remettrai parce que je suis forte".

Mais pour le politologue Gérard Grunberg, un retour sur la scène politique national n'est pas pour demain. "On se relève difficilement d'une défaite aussi cinglante". "Le président élu pourra peut-être lui donner une responsabilité, mais Ségolène Royal comme grand leader, c'est fini", analyse ce spécialiste de la gauche interrogé par Europe1.fr.

Trop dans sa "bulle"

Qu'a-t-il bien pu alors arriver à celle qui avait réussi à soulever les foules lors de présidentielle de 2007 ? "Elle n'a pas bien compris que les conditions et les candidats n'étaient pas les mêmes qu'en 2006", estime Gérard Grunberg. "Elle était un peu dans sa bulle Désir d'avenir" (association fondée autour de Ségolène Royal en 2005, nldr), explique le politologue. D'après lui, Ségolène Royal a fait preuve d'un manque de lucidité, n'ayant pas bien mesuré l'importance des défections accumulées autour d'elle depuis 2007.

La candidate socialiste semble aussi avoir payé une erreur de positionnement tactique. "Au lieu de rester comme en 2007 dans une nouvelle conception de la politique, elle a voulu se positionner sur certains points très à gauche et elle a trouvé Montebourg sur sa route", conclut Gérard Grunberg.

"Vos larmes m'ont beaucoup touché"

Et si la déception est grande du côté de ses soutiens, à qui la socialiste avait promis "d'autres victoires" au soir de sa défaite en 2007, ces derniers ne la lâchent pas. Sur le compte Facebook de Ségolène Royal, qui a toujours pu compter sur un noyau dur de partisans, 638 commentaires ont déjà été postés par ces derniers.

"Les deux candidats en tête ne représentent pas à mes yeux les valeurs socialiste. Madame Ségolène j'ai voté pour vous en 2007 (…) mais pour la première fois en 2012, je voterai pour Jean-Luc Mélenchon car c'était vous que je souhaitais avoir comme candidate", écrit ainsi Patrick Turac."Je comprends votre déception et votre tristesse. Vos larmes m'ont beaucoup touché. C'est une preuve d'une très grande humanité de votre part", adresse pour sa part Jean-Luc.

Le PS ne laisse pas tomber Royal

Parfois malmenée par sa famille politique dans le passé, les larmes de Ségolène Royal ont visiblement touché le PS. Dès dimanche soir, son ex-compagnon François Hollande a dit mesuré "la déception de Ségolène Royal. Qu'elle sache que nombre de ses idées sont aujourd'hui partagées par tous", avait-il dit.  Laurent Fabius, soutien de Martine Aubry a de son côté rendu hommage à la présidente de Poitou-Charentes, jugeant qu'elle avait fait une campagne "extrêmement courageuse, digne". "Bravo particulier à Ségolène Royal pour sa formidable campagne. Son émotion hier nous a tous touchés. La gauche et le PS ont besoin d’elle", a pour sa part "twitté" le premier secrétaire du PS par intérim Harlem Désir.

La candidate déchue a pu aussi compter sur le soutien de ses derniers fidèles comme sa porte-parole Najat Belkacem, qui a remercié la candidate pour cette "aventure inoubliable" ou encore le député Jean-Louis Bianco, qui a exprimé sa "tristesse" dimanche tout en rappelant que "la victoire de la gauche en 2012 ne sera pas possible sans Ségolène Royal". Et tout laisse à penser que la socialiste a encore plusieurs cartes à jouer. Arnaud Montebourg, l'arbitre du second tour a annoncé qu'il rendrait une "visite amicale" à la socialiste avant de réunir ses militants pour élaborer "une réponse collective" concernant son attitude dimanche prochain.

Sans oublier que Ségolène Royal doit donner "prochainement" des indications à ses électeurs en vue du second tour, l'occasion peut-être aussi de se relancer en cas de victoire du candidat socialiste en 2012.