La classe politique n'accable pas Jacques Chirac

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'ancien président de la République a été mis en examen mercredi pour "détournements de fonds publics" dans le cadre de l'affaire des chargés de mission de la Ville de Paris. Il s'agit d'un cas judiciaire sans précédent pour un ancien président de la République. Mais la classe politique dans son ensemble se garde bien d'accabler Jacques Chirac. Au nom de la présomption d'innocence pour les uns, parce que cette procédure arrive trop tard pour les autres.

Arnaud Montebourg était en en pointe pour demander il y a quelques années que Jacques Chirac soit traduit en justice. Mercredi, après l'annonce de sa mise en examen pour détournements de fonds publics dans le cadre de l'affaire des chargés de mission de la ville de Paris, le député socialiste a estimé "qu'il est bien tard de s'en prendre aujourd'hui à un homme âgé". Le porte-parole des députés socialistes, André Vallini, également secrétaire national du PS chargé de la justice, a souligné de son côté que, "comme tout justiciable", l'ancien président a droit à "la présomption d'innocence". La classe politique s'est bien gardée dans son ensemble d'accabler l'ancien président de la République, le premier de l'histoire à être ainsi poursuivi. Si Jacques Chirac a été mis en examen, c'est que la juge avait "des éléments" a simplement constaté la garde des sceaux Rachida Dati, comme une lapalissade, avant de rappeler le principe de la présomption d'innocence.

Du côté des condamnations, Jean-Marie Le Pen a estimé qu'"une fois encore, l'image de la France est salie par celui dont la fonction était de la valoriser (...) La malédiction Chirac est décidément interminable". Du côté des soutiens, Dominique de Villepin, ex-Premier ministre de Jacques Chirac, a estimé que l'ancien président n'avait "aucune intention ni dans cette affaire, ni dans beaucoup d'autres, de nuire, de contourner le droit ou de commettre une entorse ou une infraction". "C'est l'honneur de Jacques Chirac d'exprimer de façon courageuse sa volonté de clarifier les choses et de dire ce qui a été fait" a déclaré Dominique de Villepin.

Jacques Chirac a été mis en examen pour "détournements de fonds publics" mercredi matin dans le cadre de l'affaire des chargés de mission de la Ville de Paris. Une enquête visant des emplois présumés fictifs à son cabinet quand il était maire de Paris, de 1977 à 1995. L'ancien chef de l'Etat a été entendu mercredi pendant près de 3 heures par la juge Xavière Simeoni au pôle financier du palais de justice de Paris. Il s'agissait de la seconde audition de Jacques Chirac, après celle menée en juillet dernier à son bureau parisien par le juge Alain Philibeaux de Nanterre, dans un autre dossier d'emplois fictifs (au profit du RPR) lié à sa gestion de la mairie de Paris. Dans cette première affaire, il bénéficie du statut de témoin assisté. Jacques Chirac sera à nouveau entendu d'ici quelques mois sur le fond du dossier. A cette occasion, il "s'efforcera de répondre à toutes les questions en ce qui concerne chacun des emplois et ils sont peu nombreux, au regard de ce qu'on avait évoqué dans un premier temps. On parle d'une grosse vingtaine d'emplois qui sont qualifiés de fictifs", a souligné l'avocat.

Six mois après son départ de l'Elysée, Jacques Chirac est devenu mercredi le premier ancien président de République à être mis en examen pour détournement de fonds publics. Sa mise en examen signifie que la juge Xavière Simeoni considère que des "indices graves et concordants" pèsent sur l'ancien maire de Paris. Jacques Chirac est redevenu en juin un justiciable ordinaire après avoir été protégé pendant douze ans par sa fonction à la tête de l'Etat. Dans une tribune écrite dans Le Monde daté de jeudi, Jacques Chirac écrit avoir "souhaité ou autorisé" ces recrutements car ils étaient "légitimes autant que nécessaires". Il ajoute qu'ils ont été autorisés par le conseil municipal de Paris. Dans sa tribune, Jacques Chirac assure en outre que "jamais les moyens de la Ville de Paris n'ont été mis au service d'autres ambitions que d'agir pour les Parisiennes et Parisiens".