La charge de Jospin contre Fillon

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L’ex-premier ministre estime dans Le Monde que François Fillon, critique à son endroit, a été "inélégant, impertinent et imprudent".

Lionel Jospin semble avoir peu goûté les récents propos de François Fillon à son encontre. L’actuel premier ministre avait estimé dans Le Monde du 6 novembre que "la crise politique qui a culminé avec l'élimination de Lionel Jospin au premier tour de l'élection présidentielle en 2002, était le résultat d'une crise de confiance. Les gens avaient le sentiment que les engagements n'étaient jamais tenus". L’ancien hôte de Matignon a choisi le quotidien du soir pour répondre. Et la réplique est cinglante.

"Sous ses airs de grand intendant dévoué, le premier ministre François Fillon se montre souvent agressif et peu respectueux des faits, entame Lionel Jospin dans sa tribune publiée dans l"édition datée de vendredi. Ainsi vient-il de se livrer à une charge gratuite contre moi. (…) C'est inélégant, impertinent et imprudent."

L’ancien premier secrétaire du Parti socialiste précise ensuite sa pensée. "C'est inélégant, parce que ce politique averti, qui d'ailleurs s'inquiète aujourd'hui des discordes au sein de son camp, préfère ignorer le rôle qu'a joué hier l'excessive division de la gauche dans les résultats du premier tour", écrit-t-il.

"C'est impertinent, parce que chacun sait que j'ai respecté mes promesses. Il suffit de comparer les engagements de mon programme en 1997 avec les décisions prises et les résultats obtenus", poursuit l’ancien premier ministre. Et de citer, notamment, les 900.000 chômeurs de moins, les 35 heures, les "mesures antiracistes" ou l'"instauration du Pacs".

"C'est imprudent, enfin, parce que les Français pourraient bien comparer défavorablement le gouvernement Fillon au gouvernement Jospin, tant pour le respect des promesses que pour les résultats", écrit aussi Lionel Jospin, qui n’en reste pas là.

Car après la défense, l’ancien Premier ministre passe à l’attaque. "Où en est le "travailler plus pour gagner plus", quand le chômage se répand, que les salaires stagnent et que les injustices se font plus criantes ? Et la sécurité, quand se multiplient les violences aux personnes et les tensions avec les jeunes ?" interroge notamment Lionel Jospin, avant de conclure : "Certes, le pouvoir brandit la crise comme une excuse. Mais ses échecs et ses travers sont antérieurs à la crise, ou sans rapport avec elle. Et il ne sert à rien de l'invoquer, puisqu'on reste si indulgent avec ceux qui l'ont provoquée, et si dur avec ceux qui la subissent."