L'image de Sarkozy s'érode (aussi) à l'étranger

Euro : Sarkozy ne se fait pas que des amis
Euro : Sarkozy ne se fait pas que des amis © REUTERS
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Hélène Favier , modifié à
A la peine dans les sondages, le chef de l’Etat "n’arrive pas à rebondir sur la scène internationale".

Les Anglais le supposent grossier : "il a dit ’ferme là’ à notre Premier ministre". Les Italiens trouvent ses "gestes et expressions inopportunes". Les Allemands, eux, composent sans lui. Sur le front européen pour sortir de l’Europe de la crise de la dette, Nicolas Sarkozy est, depuis ce week-end, décidément à la peine. Son image s’érode à l’étranger et cette baisse de confiance ne risque pas d’arranger ses affaires à l’intérieur de l’Hexagone, selon les politologues.

Un problème de fond et de forme

Sur le fond d’abord, le vieux couple franco-allemand n’a pas réussi, ce week-end, à se mettre d’accord sur une réponse coordonnée à la crise. Et dans ce contexte, Angela Merkel semble avoir pris le pas sur Paris. Ainsi pour Dominique Seux, éditorialiste du quotidien Les Echos, l’Allemagne "a pris la main et veut plus que des paroles sur la convergence budgétaire", face à une "France fragilisée par sa propre situation de finances publiques". Pour Libération, c’est clair : "dans ce vieux couple franco-allemand, l’un domine désormais clairement l’autre". Bref, de l’avis des éditorialistes, Nicolas Sarkozy n’arrive plus à faire jeu égal avec l’Allemagne.

Sur la forme ensuite, les Italiens lui reprochent ses moqueries, ses sourires en coin, son arrogance. "Les gestes et expressions ridiculisant notre pays ne sont pas opportuns", a ainsi estimé lundi le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, interrogé sur les sourires entendus du président français à propos de l'Italie, dimanche à Bruxelles. Les Anglais ont également regretté que Nicolas Sarkozy se soit adressé en des termes peu diplomatiques au Premier ministre David Caméron, lui assénant, lors des échanges : "vous avez perdu une bonne opportunité de vous la fermer !".

Sarkozy "manque une opportunité de rebondir" 

Son image ainsi écornée, les choses risquent de se compliquer pour le chef de l’Etat. "Quand Nicolas Sarkozy prend une position forte à l’international, cela lui est profitable dans l’opinion française. S’il perd cet avantage, les choses vont se compliquer pour lui", analyse, Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion de Harris Interactive, joint par Europe1.fr, rappelant que le président est déjà au plus bas dans les sondages.

"On se souvient que son action lors de la crise des subprimes avait été très respectée par les Français. Cette crise de l’euro est donc aussi pour lui, une opportunité de rebondir, ce qu’il n’a réussi à faire depuis le sommet franco-allemand d'août dernier", ajoute le sondeur avant d’asséner : "le risque étant pour lui d’apparaître, aux yeux de l’opinion comme un président qui ne défend pas au mieux les intérêts de la France".

La situation est d’autant plus complexe pour Nicolas Sarkozy, que son rival François Hollande - officiellement désigné candidat socialiste pour la présidentielle de 2012 - va commencer, lui, une série de voyages à l'étranger pour travailler sa stature présidentielle.