L'heure de vérité pour François Bayrou

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Administrator User , modifié à
A onze jours du second tour de l'élection présidentielle, François Bayrou va leve le voile cet après-midi sur sa stratégie. Le président de l'UDF devrait rendre leur liberté, sans consigne de vote, à ses quelque 6,8 millions d'électeurs convoités par l'UMP et le PS et annoncer la création d'une grande formation "démocrate".

Le candidat centriste, qui a recueilli 18,57% des suffrages au premier tour, dimanche dernier, va s'exprimer une conférence de presse à 15h30 dans un grand hôtel parisien. "Nous sommes un parti libre et indépendant qui a reçu près de sept millions d'électeurs. Nous leur laissons la liberté de vote absolue", résume le député des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle, vice-président de l'UDF. François Bayrou devrait également annoncer que l'UDF présentera un candidat par circonscription (577) aux élections législatives, au risque de s'attirer les foudres de l'UMP. "Je le respecte. Qu'il dise ce qu'il a à dire et puis voilà. Tous les jours, des parlementaires et des élus centristes me rejoignent, mais ils me rejoignent pour constituer un nouveau rassemblement et moi je ne ferai pas de combinaisons d'état-major", a commenté Nicolas Sarkozy lors de la visite d'un chantier de construction de cent logements destinés au personnel de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Xavier Bertrand, son porte-parole, a démenti l'intention prêtée au candidat de l'UMP de créer un parti centriste avec le renfort des ralliés de l'UDF. Selon Sud-Ouest, François Bayrou aurait refusé en février 2004 "une alliance contre Chirac" proposée par Nicolas Sarkozy. Le président de l'UDF a livré cette information le 16 mars lors d'une interview au quotidien, que l'on peut écouter sur son site internet. "On ne peut pas rencontrer plus différents que Nicolas Sarkozy et moi. Je n'ai pas parlé avec lui depuis trois ans", précise François Bayrou. Dans le camp de Ségolène Royal, qui a renouvelé son offre de débat avec François Bayrou et promis d'ouvrir son gouvernement à des ministres centristes si elle est élue le 6 mai, on presse le président de l'UDF d'être "logique avec lui-même" au regard de ses désaccords avec le président de l'UMP. "Nous avons là une occasion historique de faire que la donne change", a estimé Dominique Strauss-Kahn sur Europe 1. "Elle est entre les mains de tous, il n'y a pas de négociations. Il ne faudrait pas que, simplement parce qu'on ne s'est pas assez parlé, parce qu'on n'a pas voulu se parler, on reste dans la bonne vieille politique traditionnelle", a-t-il dit. Selon François Rebsamen, l'un des directeurs de campagne de Ségolène Royal, il n'y a pas de rencontre prévue entre la candidate socialiste et François Bayrou. Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a suggéré sur France 2 "des accords de désistement mutuel" entre candidats socialistes et UDF aux législatives des 10 et 17 juin. Des appels du pied qui irritent le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon, l'une des voix du parti à s'élever contre les choix tactiques de Ségolène Royal pour compenser un déficit de voix historique (moins de 37%) à gauche. "François Bayrou, c'est la droite", dit-il dans Le Figaro. "Il n'y a pas de majorité présidentielle possible avec Bayrou". Le président de l'UDF "doit se décider entre la droite plus le centre ou bien la gauche", juge le ministre UDF de l'Education Gilles de Robien. "Un premier tour de la présidentielle, c'est une démarche personnelle. Maintenant, c'est l'existence même de l'UDF qui est en jeu", prévient-il.Frédéric Frangeul (avec Reuters)