L'euthanasie s'invite dans la campagne

  • Copié
Administrator User , modifié à
Un groupe de 2.134 infirmiers et médecins déclarent avoir pratiqué l'euthanasie active et réclament une réforme législative sur le sujet, dans un manifeste publié jeudi par le Nouvel Observateur.

Plus de 2.000 médecins et infirmières sortent de l'anonymat pour reconnaître qu'ils ont bien aidé des patients à mourir. Dans un manifeste publié dans "Le Nouvel Observateur", ils demandent la dépénalisation de l'euthanasie. "Parce que, de façon certaine, la maladie l'emportait sur nos thérapeutiques, parce que, malgré des traitements adaptés, les souffrances physiques et psychologiques rendaient la vie du patient intolérable, parce que le malade souhaitait en finir, nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir avec décence", dit le manifeste. "Tous les soignants ne sont pas confrontés à ce drame, mais la majorité de ceux qui assistent régulièrement leurs patients jusqu'à la mort, utilisent, dans les circonstances décrites, des substances chimiques qui précipitent une fin devenue trop cruelle, tout en sachant que cette attitude est en désaccord avec la loi actuelle", ajoute-t-il. Les signataires réclament l'arrêt des poursuites judiciaires et la dépénalisation sous conditions de l'euthanasie ainsi que la mise en place de moyens adaptés à l'accompagnement des personnes en fin de vie. Cet appel, une première en France, intervient à quatre jours de l'ouverture du procès aux assises de la Dordogne, lundi, de Chantal Chanel, une infirmière de 40 ans, et Laurence Tramois, un médecin de 35 ans. Elles sont accusées d'"empoisonnement" et encourent trente ans de réclusion criminelle pour avoir administré le 25 août 2003 à l'hôpital de Saint-Astier (Dordogne) une dose mortelle de chlorure de potassium à une malade atteinte d'un cancer du pancréas en phase terminale. Les signataires de l'appel affirment leur soutien aux accusées, en expliquant avoir agi de manière similaire. Le docteur Denis Labayle, à l'origine du manifeste, a lancé un appel dans le journal de la nuit de France 3, mercredi, pour que les candidats à la présidentielle proposent une réforme sur le sujet. Dans la campagne présidentielle, la socialiste Ségolène Royal et l'UMP Nicolas Sarkozy se sont déclarés prêts à une nouvelle réforme sur l'euthanasie, sans cependant se prononcer clairement sur son contenu.