L'écrivain Julien Gracq est mort

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'écrivain Julien Gracq, 97 ans, est décédé samedi à Angers des suites d'un malaise. Auteur discret et peu sensible aux honneurs, il avait refusé en 1951 le prix Goncourt pour "Le rivage des Syrtes". Il était cependant entré de son vivant, en 1989, dans la prestigieuse collection de Gallimard, la Pléiade.

L'auteur du "Rivage des Syrtes" et de "Eaux Etroites" avait été hospitalisé au CHU d'Angers en début de semaine après avoir eu un malaise à son domicile de Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire), où il vivait retiré depuis de nombreuses années.

Né le 27 juillet 1910 dans ce même village d'Anjou, en bord de Loire, Julien Gracq, de son vrai nom, Louis Poirier, figurait parmi les très grands écrivains français, auteur de 19 ouvrages nourris de romantisme allemand, de fantastique et de surréalisme. Proche d'André Breton, il n'adhérera d'ailleurs jamais à ce mouvement mais "Nadja" d'André Breton comme "Sur les falaises de marbre" de Ernst Junger l'influenceront beaucoup. Il adhèrera aussi en 1936 au Parti communiste mais le quittera trois années plus tard, à l'annonce du pacte germano-soviétique.

Homme secret et rétif aux honneurs, Julien Gracq avait refusé le prix Goncourt en 1951 pour son chef d'oeuvre "Le rivage des Syrtes". Mais il avait cependant accepté d'entrer en 1989 dans la prestigieuse collection de Gallimard, la Pléiade. Jamais édité en poche, ses textes n'avaient connu que des tirages limités, ce qui ne l'avait pas empêché d'acquérir un immense prestige auprès d'un public lettré. Son dernier livre "Entretiens" était paru en 2002 chez son éditeur de toujours, José Corti. Il regroupait six conversations, en majorité déjà publiées dans la presse ou des revues, échelonnées sur 30 ans. Son grand mérite était de donner envie de plonger ou de replonger dans cette oeuvre à part, commencée avant la guerre de 39-45.

De nombreuses personnalités politiques et culturelles ont salué la mémoire de l'un des plus grands écrivains français du XXe siècle, qui a construit "une pensée originale et une oeuvre puissante." Tous ont rendu hommage à une personnalité discrète et empreinte de liberté. Pour Michel Tournier, il était "le plus grand écrivain français vivant" après avoir dominé pendant cinquante ans les lettres françaises. C'est François Fillon qui a ouvert le bal des hommages politiques en saluant un "auteur complet" et "une figure phare" de la littérature française. L'Elysée, dans un communiqué a salué unécrivain qui, "loin des modes et des cercles mondains, a construit une pensée originale et une oeuvre puissante". Quant à François Bayrou, président du MoDem - et agrégé de Lettres - il voit en Gracq l'"un des plus grands écrivains du dernier demi-siècle" .