L'amnistie sociale fait encore des vagues

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Fabienne Cosnay , modifié à
Ce texte qui divise la gauche devait être soumis au vote des députés jeudi. Il va être retravaillé.

L'INFO. Le texte du Front de gauche prévoyant d'amnistier certains délits commis lors de mouvements sociaux refait surface. Après avoir empoisonné les relations entre le parti d'extrême gauche et le gouvernement, qui s'est prononcé contre, la proposition de loi divise aujourd'hui les députés socialistes. Alors qu'il devait être soumis au vote jeudi, le texte va finalement être retravaillé en commission. Une solution qui évite au groupe PS de se diviser mais ne satisfait pas du tout le Front de gauche.

Une bonne nouvelle pour les uns. Lors de sa réunion mardi, le groupe PS a décidé de renvoyer le texte en commission afin qu'il soit retravaillé."Nous n'avons pas d'opposition de principe en matière d'amnistie", a déclaré Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS, lors de son point de presse hebdomadaire. "En revanche nous demanderons (jeudi) le renvoi en commission car ce texte est très mal ficelé", a-t-il dit. "Son périmètre est très large mais en même temps très flou". Le député socialiste Patrick Menucci, qui a constamment exprimé sa position en faveur de la proposition de loi, s'est déclaré "satisfait" du renvoi en commission et confiant de pouvoir réunir "toute la gauche" sur un nouveau texte.

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Un enterrement pour les autres. Le chef de file des députés Front de gauche, André Chassaigne, a aussitôt vivement réagi à cette décision. "Le gouvernement donne le signal d'un gouvernement qui capitule devant les exigences du Medef", a-t-il déclaré devant la presse, ajoutant qu'il s'agissait d'un "enterrement" du texte. "Quand on veut renvoyer le texte en commission, c'est que l'on veut éviter le vote solennel. C'est un manque de courage pour occulter des avis différents de députés écologistes et socialistes qui souhaitaient voter le texte", a-t-il dit.

Un choix tactique. En optant pour un renvoi en commission, les dirigeants du groupe PS ménagent les 80 députés sur 292 favorables au texte. Parmi eux, le député de l'Essonne, Malek Boutih qui déclarait mardi au Monde : "aucun argument politique fondé n'a été donné pour expliquer pourquoi on ne pourrait pas voter cette loi". "Bruno Le Roux a bien senti le pouls de son groupe, dont une part de plus en plus en plus importante n’était pas prête à suivre l’avis d’Alain Vidalies", décrypte le député Jérôme Guedj, interrogé par 20 Minutes.

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Vidalies n'a pas changé d'un iota. Le 24 avril,  le ministre en charge des Relations avec le Parlement avait clairement conseillé aux députés de s'opposer à la proposition de loi du Front de gauche. "La position du gouvernement dans ce débat sera non. Nous ne sommes pas favorables à cette amnistie, ni à aucune autre", avait alors martelé Alain Vidalies. Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, mardi, le ministre a réaffirmé son opposition au texte. "Le gouvernement n'est pas favorable au principe de la loi d'amnistie parce qu'il considère que dans la situation (...) que la France vit aujourd'hui, il ne doit y avoir qu'une seule réponse, qui est au coeur de la République, c'est le respect de la loi républicaine".