L'abstention, la grande gagnante des municipales ?

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Fabienne Cosnay , modifié à
PROJECTION - Même si les Français sont attachés à leur maire, un tiers des électeurs ne comptent pas voter, dimanche, au premier tour des municipales.

C'est la grande inquiétude dans les états-majors des partis. Quelle sera la participation électorale, dimanche, pour le premier tour des municipales ? Les enquêtes d'opinion se suivent et ressemblent. Un électeur sur trois devrait bouder les urnes, selon les différents instituts de sondage. A peu près comme aux dernières élections de 2008, "où un record d'abstention avait été battu", rappelle Frédéric Dabi, le directeur général adjoint de l'Ifop, contacté par Europe1.fr. Avec 67% d'intention de participation, selon une enquête d'opinion pour le JDD, les Français, pourtant attachés à leur maire, devraient encore s'abstenir en masse.

"Démobilisation de la gauche". La polémique autour du gouvernement sur les écoutes judiciaires visant Nicolas Sarkozy pourrait encore aggraver le mal. "Les sympathisants de gauche, y compris les mieux intentionnés à l'égard du gouvernement, ne peuvent être que consternés, au moins par la maladresse" des expressions gouvernementales, indique à l'AFP Emmanuel Rivière de l'institut TNS Sofres. Jean-Daniel Lévy (Harris Interactive) s'attend à "une démobilisation de la gauche", sur le thème "je ne me sens pas de voter PS". "En 2008, la gauche avait plus mobilisé son électorat que la droite. Cette fois, c'est l'inverse", ajoute Frédéric Dabi, le directeur adjoint de l'Ifop, qui a relevé un différentiel de participation de cinq points entre la gauche et droite au niveau national. Au sein de la gauche, l'abstention touchera autant le PS que les autres formations de la gauche. Ainsi, 73% des électeurs socialistes se déclarent prêts à aller voter contre 66% pour le Front de gauche et 51% pour Europe Ecologie-Les Verts.

Abstentionniste, il assume. Fabrice, 38 ans, ancien adhérent au PS, ne glissera pas son bulletin dans l'urne, dimanche pour élire le maire d'Épinal, dans les Vosges. "C'est la première fois que je ne vais pas voter et cela m'est difficile", explique-t-il à Europe1.fr mais "je n'ai plus envie d'assumer des choix qui ne me conviennent pas". Depuis l'élection de François Hollande, pour qui il a voté à la présidentielle de 2012, les motifs d'insatisfaction s'accumulent. A commencer par la politique économique et sociale faite "au coup par coup". L'affaire Gayet a aussi fortement déplu à cet électeur qui a toujours voté PS. "Ce n'est pas ce que j'attendais de François Hollande, ça m'a déçu. Il s'est fait élire sur le comportement exemplaire et il nous fait du Sarkozy", déplore t-il.

Plus la ville est grande…" Plus la ville est grande, plus l'abstention est importante", rappelle aussi le directeur adjoint de l'Ifop. Au premier tour de 2008, ce taux s'est élevé à 37,83% pour les communes de 3.500 habitants et plus, à 39,61% dans celles de 9.000 et plus, à 41,06% pour 30.000 et plus, à 43,11% dans celles d'au moins 100.000 habitants. A cela s'ajoute une abstention sociologique. L'UMP, avec un électorat plus âgé, davantage mobilisé, sera donc logiquement moins pénalisée. Le PS risque de perdre dans les grandes villes des électeurs chez les 18-24 ans, traditionnellement abstentionnistes. Aux municipales de 2008, la participation des 18-24 ans était de 40 %, contre 80 % chez les 50-64 ans.

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