Karachi: une maison de Balladur épinglée

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avec agences , modifié à
Le juge Van Ruymbeke s'interroge sur l'achat d'un manoir par l'épouse d'Edouard Balladur.

Où s'arrêtera l'affaire Karachi ? Après Nicolas Bazire, Thierry Gaubert et Ziad Takieddine, c'est au tour d'Edouard Balladur de faire l'objet de toutes les attentions du juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke.

Ce dernier a demandé à la police de se renseigner sur le patrimoine de l'ancien Premier ministre. D'après les révélations de L'Express de mardi, la femme d'Edouard Balladur pourrait être interrogée.

Un manoir en Normandie

En cause : l'achat au comptant, c'est-à-dire sans contracter de prêts, en juin 1996 par Marie-Josèphe Balladur d'un manoir normand pour la bagatelle de 7,3 millions de francs (1,1 million d'euros). D'après l'hebdomadaire, cette demeure située à Tourgéville dans le Calvados comporterait 13 pièces avec salle de projection, tennis et piscine.

Au moment de l'achat, Marie-Josèphe Balladur possédait déjà sous son nom de jeune fille, Delacour, une autre habitation d'une dizaine de pièces à Deauville.

Renaud Van Ruymbeke s'interroge sur un possible détournement de commissions légales convenues en marge de la vente de sous-marins au Pakistan (84 millions d'euros) et de frégates en Arabie saoudite (200 millions d'euros) dans les années 1990.

Une partie de cet argent aurait pu, via des comptes off-shore au Luxembourg et des retraits d'argent liquide en Suisse, revenir en France sous la forme de rétro-commissions.

3 millions d'euros en espèces

Le magistrat a démontré que l'équivalent de trois millions d'euros en espèces, d'origine mystérieuse, avait été versés dans les comptes de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995.

Interrogé par L'Express, Edouard Balladur explique avoir financé l'achat par l'héritage de sa belle-mère. "Comme on ne peut pas m'atteindre par le dossier de Karachi, on invente autre chose et on monte délibérément cette fausse affaire de maison", se défend-t-il.

Il explique les versements en espèces effectués pendant sa campagne, dont Nicolas Sarkozy était porte-parole, par la vente de gadgets et de T-shirts de campagne, ou par les dons recueillis lors de meetings électoraux.        

Bazire convoqué en novembre

Selon une source judiciaire, Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon de 1993 à 1995, et ex-directeur de sa campagne en 1995, est convoqué début novembre par le juge Van Ruymbeke.

Il s'agit également d'un proche de Nicolas Sarkozy, dont il a été le témoin lors de son mariage avec Carla Bruni. Il est mis en examen, ainsi que Thierry Gaubert, autre proche du président de la République et l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine.

L'affaire pourrait avoir un lien avec l'attentat de Karachi, au Pakistan, qui a tué en 2002 onze Français qui travaillaient sur un de des deux marchés d'armement concernés, une vente de sous-marins.