Karachi: "un malaise" dans la République

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Hélène Favier , modifié à
Jérôme Cahuzac a évoqué, dimanche sur Europe 1, "des entraves" réelles dans le dossier Karachi.

"On doit la vérité aux familles (...) La coexistence de cette quête de vérité avec une ambiance de soupçons crée un malaise incontestable" en France, a insisté le député PS Jérôme Cahuzac, dimanche sur Europe 1, évoquant l'affaire Karachi qui sème le trouble dans le monde politique depuis quelques jours.

"L'ignorance dans laquelle nous sommes"

"Ce qui me gêne dans cette affaire, c'est l'ignorance dans laquelle nous sommes les uns et les autres", a poursuivi le président socialiste de la commission des Finances à l'Assemblée avant d'étayer son propos : "On constate des faits, et ces faits relèvent de l'entrave."

Et l'élu socialiste de donné un exemple : "Quand la mission d'information parlementaire demande à entendre des collaborateurs d'un ministre, l'autorisation n'est pas donnée à ces fonctionnaires de venir s'expliquer devant les parlementaires, je crois que c'est une première", a-t-il dénoncé au micro de Jean-Pierre Elkabbach et Fabien Namias.

La principale "menace" vient du parquet

Par ailleurs, Jérôme Cahuzac estime que désormais la principale "menace" qui pèse sur l'enquête du juge Van Ruymbeke dans ce dossier vient du parquet de Paris. Le 7 octobre dernier, le ministère public a, en effet, fait appel de la décision de Van Ruymbeke d'enquêter sur d'éventuelles rétrocommissions dans cette affaire, un recours qui fait peser "une menace d'annulation" sur la procédure, a-t-il déploré.

"Il faudrait qu'à la demande du garde des Sceaux, le procureur de la République Jean-Claude Marin interrompe la procédure qu'il a engagée et qui fait peser sur les travaux de van Ruymbeke une menace réelle d'interruption, voire d'annulation", a encore insisté l'élu du Lot-et-Garonne avant d'ajouter : "Aujourd'hui, tout arrêter serait incompris.".

"Un dossier aux multiples ramifications"

Depuis quelques jours, la piste d'une vengeance après l'arrêt du versement de commissions a pris de l'ampleur dans l'enquête sur l'attentat suicide Karachi. En 2002, cet attentat avait causé la mort de quinze personnes, dont onze Français de la DCN travaillant à la construction de sous-marins vendus par Paris.

Plusieurs témoins-clés, dont l'ancien ministre de la Défense Charles Millon et Dominique de Villepin, secrétaire général de l'Elysée sous Jacques Chirac, ont confirmé que, tout juste élu en 1995, le chef de l'Etat avait demandé de mettre fin aux contrats pouvant donner lieu à des rétrocommissions, dont celui des ventes de sous-marins.

Une affaire sur la campagne présidentielle de 95

La justice s'interroge sur un possible financement illégal de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole. Dominique de Villepin a lancé la charge vendredi soir en confirmant l'existence de "très forts soupçons de rétrocommissions illégales".

De son côté, Nicolas Sarkozy, en marge du sommet de l'Otan de Lisbonne, a contre-attaqué, dénonçant une "polémique qui n'a pas lieu d'être". "La justice est saisie, qu'elle fasse son travail", a-t-il lâché. Le chef de l'Etat a également promis la communication de tous les documents sur l'affaire.