Justice : le coup de gueule de Taubira

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Fabienne Cosnay et Caroline Roux , modifié à
EDITO - Après le report de la réforme du CSM, la ministre distribue les cartons rouges.

Le coup de gueule de Taubira. Ce devait être la première réforme constitutionnelle du quinquennat Hollande, c'est aujourd'hui un fiasco que la Garde des Sceaux n'entend pas porter toute seule. Dans une tribune publiée mardi sur le Huffington Post, Christiane Taubira revient sur l’échec de la réforme du Conseil supérieur de la magistrature, l'instance de nomination et de discipline des magistrats. La semaine dernière, les sénateurs ont vidé la réforme de sa substance. Conséquence ? Le gouvernement a décidé de suspendre son projet de loi et de ne pas réunir le Congrès à Versailles, le 22 juillet.

 

A l'origine du sabordage. Dans ce long texte, la ministre de la Justice entend "répondre à ceux qui voient derrière ce sabordage, finalement penaud, le signe d'étranges collusions grosses d'imprévisibles impasses". Derrière ce style ampoulé, qui est visé par Christiane Taubira ? Les parlementaires, de droite comme de gauche", résume l'éditorialiste politique d'Europe 1 Caroline Roux. Pour être plus précis, l'UMP accusé d’avoir toujours fait passer le rapport de force politique avant la réforme, l’UDI accusé d'avoir joué double jeu et le PS accusé de ne pas avoir soutenu la réforme du CSM comme il se doit. Le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone est allé jusqu'à "enterrer" le Congrès avant même le vote du Sénat. Place Vendôme, on a moyennement apprécié.

Réformer la justice, toujours compliqué. Les rapports justice et politique sont et seront toujours compliqués. "Le mur des cons, l’instrumentalisation des décisions de justices, la suspicion permanente sur l’impartialité des juges, les affaires qui tournent au récit d’affrontements personnels entre des juges et des personnalités politiques, le climat est tendu", énumère Caroline Roux. Avec cette réforme constitutionnelle reportée sine die, le président, sa ministre de la Justice et les élus ont raté une occasion de renforcer l’indépendance de la justice.