Jugé pour la première fois, Pasqua ne répondra pas

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Charles Pasqua comparaît devant la justice pour la première fois. Son procès pour financement illégal présumé de sa campagne des européennes de 1999 s'est ouvert lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris. L'ancien ministre de l'Intérieur a annoncé qu'il ne répondrait à aucune question. Dès l'ouverture de l'audience, la défense a demandé en vain le renvoi du procès prévu jusqu'au 28 novembre.

Mis en examen au total dans sept dossiers, c'était pourtant la première fois que Charles Pasqua faisait face ce lundi à un tribunal. Agé de 80 ans, le sénateur UMP des Hauts-de-Seine est appelé à s'expliquer sur le financement présumé illégal de sa campagne pour les européennes de 1999. La justice soupçonne un éventuel lien avec les profits tirés de la vente du casino d'Annemasse (Haute-Savoie) en 1995. En 1994, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua avait autorisé l'exploitation du casino d'Annemasse, sans machine à sous, par l'un de ses proches, Robert Feliciaggi. Ce dernier l'avait revendu en 1995 avec une importante plus-value. Plus d'un million d'euros serait indirectement revenu à Charles Pasqua.

Le procès s'est ouvert lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris. D'emblée, Charles Pasqua a annoncé qu'il ne répondrait à aucune question du tribunal. Car il s'estime victime d'une violation de ses droits fondamentaux. Selon la défense, le dossier relève de la seule Cour de justice de la République (CRJ), juridiction compétente pour les actes ministériels. Charles Pasqua est poursuivi pour "faux", "financement illégal de campagne électorale" et "abus de confiance" mais fait l'objet d'une procédure parallèle dans le même dossier devant la CJR, seule juridiction habilitée à enquêter et à se prononcer sur des faits délictueux commis par un ministre dans l'exercice de ses fonctions. Pour Me Léon-Lef Forster, avocat de Charles Pasqua, son client n'est pas en mesure de s'expliquer" devant le tribunal correctionnel de Paris car "les auditions et interrogatoires de membres du gouvernement ne sont possibles que devant la commission d'instruction de la CJR". Le tribunal a toutefois décidé la poursuite normale des débats et se prononcera sur la demande de renvoi dans son jugement final.

Charles Pasqua n'a donc été interrogé lundi que sur son identité et sa carrière politique. Installé dans un fauteuil près du banc de ses six coprévenus, Charles Pasqua s'est levé pour prononcer quelques mots lors du bref interrogatoire de personnalité mené par le président Jean-Louis Kantor, qui a évoqué une "carrière à la fois prestigieuse et controversée". Le sénateur a succinctement parlé de ses revenus : indemnité parlementaire, retraites diverses. Il en a livré le montant, 8.000 euros mensuels, à la demande du procureur.