Jean-Louis Debré : "Chirac, un homme de gauche"

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INTERVIEW E1 - Pour le président  du Conseil constitutionnel, l'image selon laquelle l'ancien président était un adepte du retournement de veste est fausse.

L'INFO. Il est président du Conseil constitutionnel depuis le 5 mars 2007. Mais c'est avec sa casquette d'intime de Jacques Chirac - à qui il consacre d'ailleurs un livre* - que Jean-Louis Debré s'est présenté à Europe 1, jeudi matin, pour l'interview vérité.

"Il y a une constance chez Chirac". L'ancien président est aujourd'hui l'homme politique préféré des Français, alors qu'on le connait finalement peu. "Je le connais bien, mais j'ai le sentiment, à chaque fois que je le quitte, de ne pas le connaitre. C'est un homme assez mystérieux, qui parle peu de lui. Ce que j'ai voulu dans ce livre, c'est Chirac par lui-même, en retrouvant des textes de sa main. On a présenté Chirac comme un personnage sans idée. Mais on voit à travers tout ce qu'il a écrit pendant 40 ans qu'il y a une constance chez lui."

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"Tout homme politique doit être un pragmatique !" "Une constance", mais l'ancien président a aussi évolué. Il a notamment beaucoup critiqué les accords de Maastricht avant d'appeler à voter pour. En 1977, il assurait "préférer le saucisson aux limitations de vitesse", avant de devenir quelques années plus tard le président qui aura fait le plus pour la sécurité routière... Alors, opportuniste Jacques Chirac ? "Non, tout homme politique doit être un pragmatique ! Il y a des thèmes que l'on va toujours retrouver chez lui, notamment la lutte contre l'immigration illégale - il a créé la Halde. C'est à lui qui est à l'origine de la loi interdisant le port de signes religieux à l'école. Naturellement qu'il y a des évolutions, mais en 40 ans, on évolue un peu".

"C'est Pompidou qui va l'amener à la politique". Interrogé sur la filiation politique de Jacques Chirac, que l'on définit comme gaulliste, Jean-Louis Debré assure pour sa part que "Chirac est un homme de gauche, qui a commencé sa vie politique en distribuant L'Humanité devant l'église Saint-Sulpice à Paris et allait au PS avec son ami Rocard avant de le quitter rapidement. Mais il n'adhère pas non plus au gaullisme car il trouvait le RPF trop conservateur. C'est Pompidou qui va l'amener à la politique. Ce n'est pas un sectaire ni un idéologue". Quant à l'état de santé de l'ancien président, son ami admet avoir "connu un Chirac plus dynamique. Il vieillit, il est fatigué. La seule chose qui lui reste, c'est son coup de fourchette !"

*"Le Monde selon Chirac", aux éditions Tallandier

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