Dure journée pour Jean-Louis Bruguière. A la 13e audience du procès d'Yvan Colonna, l'ancien magistrat antiterroriste français a tenté de défendre la procédure qu'il a menée, où , a-t-il dit, "il n'y a pas eu de dysfonctionnements". Il a aussi mis en exergue une déposition faite devant lui par l'épouse d'Alain Ferrandi, déjà condamné pour sa participation au crime, à ses yeux accablante pour Yvan Colonna. Cette femme a dit avoir vu à son domicile son mari, Yvan Colonna et Pierre Alessandri discuter le lendemain du crime à voix basse, et assurait avoir alors compris qu'ils en étaient les auteurs. Les avocats ont alors fait remarquer que ce "témoin" sortait lors de son audition de 4 jours de garde à vue et ils ont demandé au juge dans quelles conditions elle s'était présentée à son bureau.
Les échanges se sont envenimés entre Jean-Louis Bruguière et Me Sollacaro, qui a lancé en forme de conclusion : "c'est compliqué de répondre aux questions, hein, monsieur le juge ? C'est plus facile de les poser ? Nous, on les pose en public, pas dans le secret d'un cabinet". Depuis son box, Yvan Colonna a lui aussi reproché à l'enquête d'avoir pris "pour argent comptant", parce que "cela arrange tout le monde", les accusations de ses complices présumés. "Ils déchargent tout sur moi (et) minimisent leurs actes", a-t-il expliqué. Après Jean-Louis Brugière, les deux autres juges qui ont eu en charge l'affaire, Laurence Le Vert et Gilbert Thiel ont à leur tour à faire face à la défense.
Le juge Thiel, mis sur le grill, s'est lui tourné directement vers l'accusé : "vous savez, monsieur Colonna, les juges ne sont ni meilleurs ni pires que les autres. Ils ont des oreilles et quand quelqu'un change de version. Ils s'interrogent". Point par point, la juge Le Vert a elle défendu la procédure qu'elle a menée méthodologiquement, se refusant à toute "appréciation personnelle". Croit-elle l'affaire Erignac résolue ? "Je n'ai rien à ajouter" conclut la juge Laurence Le Vert.