Israël : les succès d'Ehud Barak et Shimon Peres

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Shimon Peres, ex-travailliste et membre de Kadima, a été élu mercredi au poste de président d'Israël. Il était resté seul candidat en lice après le désistement de ses deux concurrents qui lui avaient apporté leur soutien. Ehud Barak, ancien général et subtil croisement de colombe et de faucon, fait lui son retour sur le devant de la scène politique israélienne après six années de traversée du désert. L'ancien Premier ministre vient de prendre la tête du Parti travailliste et convoite le poste de ministre de la Défense.

C'est l'aboutissement d'une vie politique bien remplie pour Shimon Peres. Le Prix Nobel de la Paix, âgé de 83 ans, est devenu mercredi président de l'Etat d'Israël, un poste essentiellement protocolaire. A l'issue d'un premier tour qui lui a accordé 58 voix, alors qu'il en faut 61 pour être élu, les deux autres candidats en lice se sont retirés. Sa prise de fonctions à la présidence d'Israël signifie qu'il doit se retirer du gouvernement d'Ehud Olmert dont il exerçait les fonctions de vice-Premier ministre et de ministre du Développement régional. L'ancien Premier ministre prêtera serment en juillet à l'expiration du mandat de l'actuel président Moshe Katsav, impliqué dans une affaire de viol et de harcèlement sexuel. Katsav a toujours nié l'ensemble des charges retenues contre lui. Né en Pologne, Shimon Peres a émigré avant la création de l'Etat juif et a fait ses classes au sein du Parti travailliste aux côtés de l'un des pères fondateurs d'Israël, David Ben Gourion. Alors qu'il était ministre de la Défense dans la fin des années 1950, Peres avait conclu un accord secret avec la France de lancement d'un programme nucléaire dont Israël se serait servi par la suite afin de se procurer l'arme atomique. L'Etat juif s'est toujours refusé à émettre le moindre commentaire sur ses activités atomiques. Peres a été par la suite Premier ministre à deux reprises, de 1984 à 1986 puis en 1995 après l'assassinat de Yitzhak Rabin, mais n'a jamais remporté une élection avec une large majorité. En 1994, le travailliste s'était vu décerner le prix Nobel de la Paix conjointement avec Yitzhak Rabin et Yasser Arafat pour sa participation à l'élaboration des accords d'Oslo un an auparavant. En 2005, Peres avait quitté le Parti travailliste pour aider Ariel Sharon, Premier ministre de l'époque, à fonder le grand parti centriste Kadima. De son côté, Ehud Barak, chef du gouvernement de 1999 à 2001, a été élu mardi soir à la tête du Parti travailliste en remplacement d'Amir Peretz, ministre de la Défense contesté pour la conduite de la guerre contre le Hezbollah libanais au cours de l'été 2006. A 65 ans, l'ancien héros de Tsahal s'est dit prêt à "apporter expérience" et à assumer provisoirement les fonctions de ministre de la Défense au sein du gouvernement d'Ehud Olmert. Le nouveau chef de file des Travaillistes, qui souhaite l'organisation d'élections anticipées après la dernière guerre au Liban vécue comme une humiliation par les Israéliens, fait donc un retour remarqué en politique. Lorsqu'il était Premier ministre, Barak avait lui aussi essuyé un feu nourri de critiques pour sa gestion de la question libanaise, en organisant en mai 2000 le retrait israélien du Sud-Liban après 22 ans de présence. Accusé d'avoir affaibli l'Etat juif et ainsi encouragé la deuxième Intifada en 2000, il a disparu de la scène politique durant six ans. Aujourd'hui, il dit avoir "accompli (sa) part d'erreurs". Ses deux années à la tête du gouvernement ont pourtant été marquées par d'ambitieuses, mais infructueuses, négociations de paix avec les Palestiniens. Officier le plus décoré d'Israël, Barak a dirigé la répression des troubles palestiniens à Gaza et en Cisjordanie dans les années 1990. Mais il a aussi pris part aux négociations de 1994 pour la mise en oeuvre sur le terrain de l'autonomie palestinienne prévue par les accords d'Oslo. Il a brièvement occupé le portefeuille de l'Intérieur dans le gouvernement d' Yitzhak Rabin son père spirituel, avant que l'assassinat de ce dernier en novembre 1995 ne l'amène à reprendre le ministère des Affaires étrangères qu'abandonne Shimon Peres pour succéder au défunt. En mai 1999, Barak est élu triomphalement à la tête du gouvernement où il assemble une large coalition hétéroclite. Mais, au bout d'un an, les partis de droite le lâchent et l'échec du sommet de Camp David lui fait perdre pied dans les sondages. Mais Barak reste, dans l'histoire mouvementée des pourparlers de paix au Proche-Orient, celui qui aura été le plus loin dans la volonté de faire la paix avec les Palestiniens.