Immigration : des objectifs chiffrés aussi pour les gendarmes

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Après les préfets et la police, les gendarmes sont priés à leur tour d'intensifier leurs recherches de sans-papiers pour atteindre l'objectif global de 25.000 clandestins expulsés à la fin de l'année. La Cimade craint que cette course aux chiffres lancée par le gouvernement ne débouche sur des dérapages et des arrestations en forme d'"artifices".

Dans une note adressée aux 22 commandants de région, le 7 septembre dernier, le général Guy Parayre, directeur général de la gendarmerie nationale, fait remarquer à ses troupes qu'"au terme des premiers mois de l'année, 67 groupements de 17 régions sont en deçà de leurs objectifs annuels". Un bilan chiffré insuffisant pour atteindre l'objectif fixé par Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux, son ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, de 25.000 clandestins expulsés à la fin de l'année. Après les préfets et les policiers, les gendarmes sont donc à leur tour pressés de faire du chiffre en matière d'immigration.

Mais Brice Hortefeux lui-même a dû reconnaître fin août que l'objectif de 25.000 reconduites à la frontière serait difficile à atteindre. Le directeur général de la gendarmerie nationale a appelé ses troupes à un "réel axe d'effort" contre l'immigration clandestine. Mais les policiers, qui expérimentent ces consignes de fermeté depuis quelques mois déjà, font savoir que tout n'est pas possible en matière d'arrestations. Certains syndicats de policiers considèrent comme "irréalisable" l'objectif d'expulsions en raison notamment des "freins" de la justice. Du côté des gendarmes, on juge, sous couvert d'anonymat, que ce n'est pas en zone rurale, là où sont implantées les casernes, que se trouve la majorité des sans-papiers.

Les associations également s'inquiètent de ces objectifs chiffrés. Selon la Cimade, cette course aux chiffres pourrait déboucher sur des dérapages. Mais cette association, la seule présente dans les centres de détention, dénonce aussi les "artifices" que pourraient employer les forces de l'ordre poussées par le gouvernement. En arrêtant des touristes en séjours réguliers qui ont oublié à l'hôtel leur document d'identité, en procédant à des interpellations dans les gares ou les réseaux de transports en commun pour toucher une plus grande population ou en plaçant en centre de rétention des Roumains ou des Bulgares pris en infractions même s'ils sont citoyens de l'Union européenne depuis début 2007.