Il y a une vie politique après les affaires

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ZOOM - Plusieurs élus passés par la case justice ont su se faire réélire après leur condamnation.

Alors que Jérôme Cahuzac songe à se représenter dans son fief de Lot-et-Garonne, la liste des élus qui ont survécu aux affaires peut apporter de l’eau à son moulin. Même en cas de condamnation - ce qui n'est aujourd'hui pas le cas de l'ex-ministre -, plusieurs grands noms de la politique se sont représentés avec succès devant les électeurs, à l'image d'Alain Juppé, Patrick Balkany et Gaston Flosse.

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ALAIN JUPPE, UMP
Sa peine : En 2004, il est condamné à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité dans l'affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris. L'ancien Premier ministre démissionne de son mandat de maire de Bordeaux et traverse l'Atlantique pour se faire oublier médiatiquement. Il a enseigné pendant un an les relations internationales à l'université de Montréal.
Son come-back : Après de longs mois d'exil, Alain Juppé signe un retour victorieux, en 2006, à Bordeaux. Il parvient à reprendre la Mairie dès le premier tour lors d'élections anticipées, avec un score meilleur qu'en 1995 et 2001. "C'est pour moi un formidable encouragement", glissait-il à l'époque, peu après sa victoire.
Et aujourd'hui ? Successivement ministre de la Défense et des Affaires étrangères entre 2010 et 2012, il quitte le gouvernement comme tout le monde après la présidentielle. Ancien premier ministre, membre fondateur de l'UMP, il est toujours très écouté au sein du parti. On l'a d'ailleurs sollicité pour régler le différend Copé-Fillon, et sa voix continue de porter sur la scène nationale et internationale. Certains lui prêtent même des ambitions pour 2017...

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GASTON FLOSSE, Tahoera'a huiraatira
Sa peine : Cette figure de la politique polynésienne a été condamnée de nombreuses fois. D'abord en 2000, à trois mois de prison avec sursis pour prise illégale d'intérêts. Puis en 2009 à un an de prison avec sursis et un an d'inéligibilité, une condamnation annulée par la Cour de cassation. En janvier 2013, il écope de cinq ans ferme, 84.000 euros d'amende et cinq ans de privation de ses droits civiques et de famille pour trafic d'influence passif et corruption active. En février, la cour d'appel de Papeete le condamne à quatre ans avec sursis et 125.000 euros d'amende et trois ans de privation de droits civiques.
Son come-back : Permanent. Elu deux fois député (1978-1982 et 1993-1997) et toujours sénateur, depuis 1998, de Polynésie française, ce vieil ami de Jacques Chirac a occupé le poste de président de la Polynésie française sans discontinuer entre 1991 et 2004, avant de faire face à une concurrence plus accrue par la suite, et de s'incliner.
Et aujourd'hui ? A 81 ans, Gaston Flosse est toujours là politiquement. Dimanche, il a de nouveau remporté les élections territoriales avec plus de 45% des voix pour son parti Tahoera’a, devant son rival de toujours, l'indépendantiste Oscar Temaru.
>> Lire aussi : Flosse, l'insubmerible

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PATRICK BALKANY, UMP
Sa peine : le député-maire de Levallois depuis 2001 a été condamné en 1997 à quinze mois de prison avec sursis, 30.000 euros d'amende et deux ans inéligibilité pour avoir employé personnellement trois personnes sur les deniers de la ville, puis en 2004 à 1.500 euros de dommages et intérêts à Annie Mandois, une élue communiste de la ville, pour diffamation et injures.
Son come-back : Après un exil sur l'île de Saint-Martin aux Antilles, "pour se faire oublier", Patrick Balkany signe un retour gagnant à Levallois en 2001 en récupérant la mairie. Il fera coup double l'année suivante en remportant le siège de député de la 5e circonscription des Hauts-de-Seine, deux postes qu'il occupe toujours actuellement.
Et aujourd'hui ? A 64 ans, ce proche de Nicolas Sarkozy continue de peser localement. L'année dernière, il a été réélu député des Hauts-de-Seine, et devrait se représenter en 2014 pour conserver son mandat de maire de Levallois.

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HARLEM DESIR, PS
Sa peine : Le président de SOS Racisme entre 1986 et 1987 est condamné en 1998 à 18 mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende pour emploi fictif.
Son come-back : Harlem Désir a la particularité d'avoir été condamné avant son premier mandat politique. Une "casserole" qui ne l'empêchera pas d'être élu député européen en 1999, ni d'être réélu à ce poste en 2004 et 2009.
Et aujourd'hui ? Nommé premier secrétaire du Parti socialiste par intérim avant la primaire socialiste pour l'élection présidentielle, Harlem Désir est soutenu par Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault pour l'élection du nouveau premier secrétaire lors du congrès de Toulouse, un poste qu'il remportera.

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HENRI EMMANUELLI, PS
Sa peine : le trésorier du Parti socialiste est condamné en 1997 pour trafic d'influence dans l'affaire Urba. Il écope à cette occasion de 18 mois de prison avec sursis et deux ans de privation de ses droits civiques.
Son come-back : Il fut rapide. Moins d'un mois après s'être réinscrit sur les listes électorales, Henri Emmanuelli récupère son fauteuil de député des Landes, et devient l'année suivante président du Conseil général des Landes.
Et aujourd'hui ? Actuellement dans l'ombre, l'ancien président de l'Assemblée nationale, a été élu en juillet 2012 à la présidence de la commission de surveillance de la Caisse des dépôts et des consignations (CDC).

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ALAIN CARIGNON, UMP
Sa peine : L'ancien ministre de Balladur est condamné en 1996 à cinq ans de prison (dont un avec sursis), cinq ans d'inéligibilité, et 60.000 euros pour abus de biens sociaux et recel, puis en 1999 à 18 mois de prison avec sursis et 12.000 euros d'amende pour abus de biens sociaux et usage de faux dans l'affaire Grenoble Isère développement.
Son come-back : Après 29 mois de détention, Alain Carignon tente un retour rapide, en prenant en 2003 la tête de la fédération UMP de l'Isère, malgré des contestations internes. Il est soutenu par les militants du parti pour le représenter lors des législatives de 2007. Victorieux du duel avec le député de droite sortant, qu'il devance au 1er tour, il doit s'incliner au second contre la socialiste Geneviève Fioraso.
Et aujourd'hui ? Après cet échec, il renonce à se présenter aux municipales suivantes, en 2008, mais est motivé pour celles de 2014. "J'ai très envie de Grenoble", a-t-il lancé dans un meeting mi-février. Sans confirmer toutefois qu'il se présenterait à la primaire UMP, Alain Carignon estime dans une interview à France 3 que la ville de Grenoble "a besoin d'un nouveau départ, d'un nouvel espoir".

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JEAN-MICHEL BAYLET, PRG
Sa peine : La cour d'appel de Toulouse a condamné Jean-Michel Baylet, sénateur et président du Parti Radical de Gauche (PRG), à six mois de prison avec sursis et 30.000 euros d'amende en 2003, pour abus de bien sociaux et recel d'abus de biens sociaux.
Son come-back : Il fut tardif. Après avoir laissé la mairie de Valence-d'Agen qu'il avait "hérité" de sa mère en 2001, le patron de La Dépêche du Midi est cité comme possible ministre du gouvernement d'ouverture voulu par François Fillon, un poste qu'il refuse. Il briguera l'investiture socialiste pour la présidentielle de 2012 mais finira 6e et bon dernier avec moins de 1% de voix.
Et aujourd'hui ? Cette tribune lui a permis d'augmenter sensiblement sa notoriété, au point que certains le pressentait pour devenir ministre sous Ayrault. Mais il préféra appuyer le dossier de Sylvia Pinel, radicale comme lui. Il a été reconduit en septembre dernier à la présidence du PRG.