Hollande : le cru 2013, "c'est l'offensive"

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Benjamin Bonneau, avec Camille Langlade , modifié à
DÉCRYPTAGE - Hollande a fait preuve de fermeté durant sa conférence de presse.

Quand on aime on ne compte pas. François Hollande aime les conférences de presse, et ça s’est vu : un propos liminaire de 45 minutes au lieu de 20, puis plus de deux heures de discussion avec les journalistes. Objectif du président : s’affirmer, à défaut de faire de réelles annonces.

Monsieur "petites blagues" n’était pas là. En novembre dernier, pour sa première conférence de presse, François Hollande avait usé et abusé de ces bons mots dont il est si friand. Six mois plus tard, la crise et une impopularité record sont passées par là. Le propos est plus grave, le ton moins alerte. Le président s’est évertue à répéter sa ligne, son cap, ses réformes. Un exercice "difficile car il a beaucoup répété ce qu’il avait déjà dit", a commenté un conseiller à la sortie de l’exercice, avant de se dire "admiratif de l’aisance" du président.

Et moi, et moi et moi. Accusé d’indécision par l’opposition, François Hollande a très souvent usé du "je", manière de montrer qui est le patron. "Je n'ai pas cessé de décider depuis que je suis là", a-t-il affirmé, avant d’envoyer un message de fermeté à ses ministres : "il ne doit y avoir qu'une seule ligne au sein du gouvernement. Tous les ministres sont liés les uns aux autres par un pacte (…) qui est de faire réussir la politique que j'ai décidée pour le pays." Arnaud Montebourg et Pierre Moscovici, les deux meilleurs ennemis de Bercy, sont prévenus.

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L’impopularité ? Pas son problème. Cela le ferait presque rire. Jamais un président de la Ve République n’a été aussi impopulaire que lui. "On ne cherche pas à être impopulaire, ce n'est pas un objectif que je m'étais fixé", a-t-il lancé, provoquant là quelques rires dans l'assistance. "Tant que le chômage progressera, il sera difficile de relever la courbe de ma propre popularité", a-t-il analysé ensuite. Car son objectif est ailleurs : "ce que je veux, c'est laisser une trace en 2017", demandant à "être jugé le jour venu, au terme des cinq ans sur ce que j'aurai fait pour la France".

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Une majorité emballée. Après cet exercice imposé, François Hollande a rejoint les députés socialistes, réunis à la Maison de l’Amérique latine pour l’écouter. Avant ça, il avait répété pourquoi ces derniers n’avaient pas droit de cité à l’Elysée : "Ici, c'est la maison de tous. Je ne peux pas transformer cet espace en meeting. Il n'y aura pas de meeting de tous les parlementaires ici à l'Elysée. Je peux me déplacer, aller à la rencontre de la majorité", a-t-il expliqué, avant d’être acclamé quelques minutes plus tard par ces mêmes élus. "Merci pour votre patience, un an que j’attends cela", leur a-t-il lancé. Vexés et frustrés de se sentir comme une simple chambre d’enregistrement des décisions gouvernementales, les députés semblent ragaillardis.

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Le message du président a imprimé. "L'an II de mon quinquennat, c'est l'offensive", a-t-il exhorté. Quelques minutes plus tard, Harlem Désir, patron du Parti socialiste, qualifiait François Hollande de "président de combat, à l'offensive". Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, a loué, lui aussi, la décontraction offensive" du chef de l’Etat. Qu’a réclamé le président aux élus ?

Message reçu ? Au cas où, Yann Galut, député du Cher, en a remis une couche devant les journalistes : "il nous a dit qu'on devait participer à l'offensive et être en campagne permanente". "Offensif", le mot du soir.