Guéant ne désarme pas

Le ministre de l'Intérieur défend son bilan de lutte contre la délinquance. Les saisies d'armes ont augmenté de 79%.
Le ministre de l'Intérieur défend son bilan de lutte contre la délinquance. Les saisies d'armes ont augmenté de 79%. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
Le ministre de l'Intérieur annonce des "opérations de récupération" d'armes à Marseille.

Claude Guéant n'a pas l'intention de baisser le pied en matière de lutte contre la criminalité. Dans un entretien au Journal du dimanche, le ministre de l'Intérieur annonce la mise en place "d'opérations de récupération" d'armes de guerre à Marseille, avec dit-il "les moyens nécessaires".

Cette décision intervient alors que trois fusillades ont secoué Marseille et sa région en moins d'une semaine. Le bilan est lourd : trois personnes sont mortes et deux blessés graves. Un policier de la brigade anticriminalité d'Aix-en-Provence est toujours entre la vie et la mort. Le point commun entre ces affaires : l'utilisation de kalachnikovs, une arme de guerre par de "petits calibres" du banditisme.

Augmentation des saisies

Dans le JDD, le ministre de l'Intérieur défend son bilan de lutte contre la délinquance. Les saisies ont augmenté de 79%. "Depuis le début de 2011, nous avons déjà récupéré 3.355 armes, contre 2.710 l'année dernière. Nous allons poursuivre et intensifier ce travail".

Critiqué cette semaine par la gauche pour le bilan du gouvernement contre la délinquance, le ministre de l'intérieur affirme que les homicides sont passés de 1.047 en 2001 à 675 en 2010, soit une baisse d'un tiers. Depuis le début de l'année, "il y a eu 630 homicides", a précisé Claude Guéant en reconnaissant que "c'est encore trop".

Les policiers manifestent

Du côté des policiers, le malaise est grandissant. Vendredi, ils étaient entre 500 et 600 rassemblés devant la préfecture de Marseille en soutien à leur collègue toujours entre la vie et la mort. Ils sont également venus pour exprimer leur colère face au manque de moyens dont ils disposent pour lutter contre la criminalité de plus en plus violente.

Nicolas Comte, secrétaire national du syndicat SGP police s'inquiète, sur Europe 1, de cette baisse croissante des effectifs. " Pour 2012, on prévoit encore la suppression de 2.000 postes de gardiens de la paix. On pourra toujours faire quelques opérations spectaculaires, types "coups de poings", comme on avait fait il y a quelques mois où on avait ramassé une kalachnikov devant les caméras" mais cela ne résoudra pas "les problèmes", précise-t-il.

Tenir le terrain

Si le ministère de l'intérieur met davantage de moyens à Marseille, ce syndicaliste s'attend à ce que d'autres secteurs en pâtissent. "Et quand on perd du terrain, c'est très difficile de le reconquérir. Aujourd'hui, la police a du mal à tenir le terrain partout !", déplore Nicolas Comte.

La banalisation de l'utilisation des armes de guerre est également une source d'inquiétude pour les policiers. "J'ai bien peur qu'aujourd'hui on ne soit qu'au début du problème. Lorsqu'un pallier est franchi, il y a un phénomène d'imitation", conclut Nicolas Comte.

Des peines plus lourdes

En parallèle de ces "opérations de récupérations d'armes" dans les quartiers, le gouvernement veut durcir la législation. La proposition de loi sur "le contrôle des armes moderne, simplifié et préventif" passe devant le Sénat cette semaine. Si elle est adoptée, la simple possession d'une arme de guerre sera passible d'une peine de cinq ans de prison.