Guéant : la primaire PS, un "problème grave"

Pour la première fois, Claude Guéant a fait part de ses réserves sur la primaire socialiste dans l'enceinte même de l'Assemblée nationale.
Pour la première fois, Claude Guéant a fait part de ses réserves sur la primaire socialiste dans l'enceinte même de l'Assemblée nationale. © REUTERS
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avec agences , modifié à
Pour la première fois, à l'Assemblée, un membre du gouvernement a critiqué le vote socialiste.

Cette fois, la charge politique de la majorité contre la primaire du Parti socialiste est bien lancée, et ce même si le processus a été déclaré légal. Jusqu’alors, les leaders de l’UMP s’étaient permis les plus virulentes saillies à l’endroit du processus électoral censé désigner le candidat du PS à la présidentielle de 2012. Mais mardi, c'est dans l’enceinte solennelle de l’Assemblée nationale qu'un membre du gouvernement a pris le relais des ténors du parti présidentiel. Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur, a en effet estimé que la primaire socialiste posait "un problème grave" car elle revient à publier "une liste des opinions politiques des Français".

C’est en fait lors d’un échange bien rôdé avec Jean-François Copé, le secrétaire général de l’UMP et principal pourfendeur de la primaire socialiste, que le ministre a fait cette sortie. Invoquant la Constitution qui protège le secret du vote, le député-maire de Meaux a soulevé lors des questions d'actualité à l'Assemblée ce qu'il considère comme un problème de "liberté individuelle". Le patron de l’UMP a assuré s'inquiéter "du respect de ceux de nos compatriotes qui, dans telle ou telle ville socialiste soit parce qu'ils sont fonctionnaires ou président une association qui bénéficie de subventions (...) n'iront pas voter à ces primaires".

"Vous voulez des garanties, vous les aurez"

Une inquiétude bien légitime, lui a répondu Claude Guéant. Tout en reconnaissant que le scrutin était légal, le ministre de l’Intérieur a répondu en réclamant des "garanties sur la destruction immédiate des listes d'émargement". "Les listes d'émargement vont très clairement faire apparaître le nom de ceux qui vont afficher leur sympathie à l'égard du PS et, par différence, le nom de ceux qui n'ont pas affiché cette sympathie", a-t-il souligné. "Nous aurons donc ni plus ni moins qu'une liste nominative des opinions politiques des Français", a lancé l’ancien secrétaire général de l’Elysée. Tollé sur les bancs de la gauche.

Côté socialiste, c’est le député PS Alain Vidalies qui lui a répondu après avoir exigé un droit de réponse. "Vous voulez des garanties supplémentaires, vous les aurez", a assuré l’élu des Landes, ajoutant que la présence d'assesseurs UMP ou choisis dans la population seraient bienvenue. "Nous nous engageons de manière très claire à ce que les listes électorales soient mises sous scellés et détruites sous constat d'huissier", a-t-il ajouté. Et de conclure dans une pique, soulignant la différence entre la primaire PS, qui constitue "un nouvel espace démocratique et un nouveau souffle" et "les pratiques d'un autre âge" de l'UMP où "le chef se désigne lui-même et tout le monde marche derrière".

Le PS avait pris les devants

A la mi-avril, le Parti socialiste avait fait savoir par la voix de François Lamy que le débat sur la légalité des primaires était clos. Ce conseiller de Martine Aubry avait énuméré toutes les démarches entreprises par le PS pour s'assurer de la légalité de ses primaires, parmi lesquelles des rencontres avec les directeurs de cabinet de Brice Hortefeux, l'ex-ministre de l'Intérieur, puis avec celui de son successeur, Claude Guéant. Parmi les autres démarches, des validations du Conseil constitutionnel, de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) ou encore de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).

François Lamy s'était aussi employé à préciser les contours de ces primaires. Ainsi, un "plafonnement" des dépenses pour chaque candidat était en discussion au sein du PS. Par ailleurs, "une contribution du parti" à la campagne de chaque candidat est à l'étude, le PS étant alors d'après François Lamy "sur un chiffre de 30.000 à 35.000 euros" "pas définitif".