Gérard Larcher : le vote obligatoire, "une solution de facilité"

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Louis Hausalter , modifié à
INTERVIEW E1 - Le président du Sénat était l'invité du Club de la presse, mercredi sur Europe 1.

Une fois n'est pas coutume, le président du Sénat Gérard Larcher n'est pas d'accord avec son homologue de l'Assemblée nationale. Alors que Claude Bartolone propose de rendre le vote obligatoire, Gérard Larcher, invité mercredi du Club de la presse sur Europe 1, a fait part de ses réserves sur cette mesure. "Je pense que le vote obligatoire c'est quelque part penser qu'en cassant le thermomètre, on va avoir une meilleure approche du malade qu'est la démocratie", a-t-il estimé. "C'est peut-être une solution de facilité car nous sommes les premiers responsables, nous politiques mais aussi commentateurs de la vie politique, d'une forme de désintérêt des citoyens pour le fait politique", a poursuivi Gérard Larcher. "Entre la contrainte et la liberté, je choisis plutôt la liberté".

"Chaque religion est responsable de ses fanatismes". Comme Claude Bartolone, Gérard Larcher a remis mercredi à François Hollande un rapport sur "l'engagement citoyen et l'appartenance républicaine". Un document dans lequel il revient notamment sur les rapports entre l'Etat et l'islam. "Chaque religion est responsable de ses fanatismes. On rappelle suffisamment l'Inquisition pour se dire qu'il y a une responsabilité", a remarqué le président du Sénat à propos des attentats de janvier. Par ailleurs, "je crois qu'il y a des sujets sur lesquels il n'y a pas d’accommodements possibles avec les religions", a-t-il poursuivi, citant "le socle des lois de la République, le principe d'égalité de l'homme et de la femme, un certain nombre de questions sur la connaissance scientifique".

"On a baissé les bras". Gérard Larcher a énuméré ses inquiétudes sur "une République qui déraille, qui sort de ses valeurs". "Il y a 30 ans, plus de 70% des enfants français de nos compatriotes de confession ou d'origine israélite étaient à l'école publique. On me dit qu'à la rentrée prochaine, ils seront moins de 25%", a-t-il déploré. Autre exemple : "de plus en plus, vous avez des enseignants de sport pour qui il est impossible de faire faire du sport aux garçons et aux filles", a-t-il assuré. Et pour Gérard Larcher, trop peu de voix se sont élevées contre les dérives. "Je pense que nous avons eu des silences abdicateurs. On a baissé les bras", a-t-il estimé.

Favorable à un débat parlementaire sur les quotas migratoires. "On ne peut que constater que notre capacité d'intégration est aujourd'hui saturée", a également affirmé Gérard Larcher. "L'immigration irrégulière, elle est nourrie par les déboutés du droit d'asile. On en raccompagne extrêmement peu", a-t-il ajouté, pointant le risque d'un "pays fracturé". "Nous avons les mêmes règles que dans les années 1960, où on avait une immigration du travail", a expliqué le président du Sénat, pour qui "un débat au Parlement sur les quotas migratoires (...) semble nécessaire".

Gérard Larcher a pointé un "sentiment de dislocation de la société, avec une forme de repli sur soi". Mais "à force de chanter la différence, on a oublié ce qui nous unissait", a-t-il estimé. "Il faut qu'on se méfie de chanter toujours la différence et d'être toujours dans la repentance".

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