Gel du salaire des ministres, "une mesurette"

Rigueur : Fillon a dévoilé un plan de 7 milliards pour éviter "la faillite"
Rigueur : Fillon a dévoilé un plan de 7 milliards pour éviter "la faillite" © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à
Sur un plan de 7 milliards, la mesure annoncée jeudi par Fillon devrait rapporter - au mieux - 100.000 euros par an.

"Ils ont commencé au Fouquet's, ils finiront au Fouquet's". A peine énoncé par François Fillon, le gel du salaire du président de la République et de ses ministres, a été raillé par l’opposition, fustigeant une "mesurette", "une provocation".

Au détour de son plan d’austérité, le Premier ministre a, en effet, promis que les salaires des membres de l’exécutif* seront "gelés", "jusqu’au retour à l’équilibre des finances publiques", c’est-à-dire jusqu’en 2016, selon les plans gouvernementaux. Concrètement que signifie cette mesure ? Que les salaires du président et de ses ministres ne seront pas augmentés, ni même revalorisés en fonction de l’inflation (à hauteur de 1,7 % en 2012).

Une goûte d’eau dans un plan de 7 milliards

Une telle décision devrait donc permettre d’économiser 100.000 euros par an. Autant dire que la mesure est symbolique dans un plan d’économies de 7 milliards d’euros. D’autant que, rappelle LeMonde.fr, "l'évolution des rémunérations des ministres et du président de la République est liée à l'évolution du point d'indice" de la fonction publique, lui-même déjà gelé depuis juillet 2010 et jusqu’à la fin 2012. La mesure annoncée par François Fillon n’aura donc d’impact que pour les années 2013 à 2016.

Symbolique donc. Il s’agit avant tout "de montrer l’exemple", "de montrer que tout le monde est solidaire", a d’ailleurs reconnu le Premier ministre lors de sa conférence de presse. Au passage, il n’a pas hésité à exhorter "les responsables politiques et les dirigeants des grandes entreprises, en particulier des entreprises du Cac 40, à faire exactement la même chose".

Un gel après une augmentation de 170 %

Reste qu’à l'automne 2007, la hausse de 170% (de 7.000 à 19.000 euros) de la rémunération du chef de l'Etat - via un alignement de son traitement sur celui du Premier ministre - avait entraîné une vive polémique.

Le PS avait alors raillé Nicolas Sarkozy, "celui qui voulait être le président de l'augmentation du pouvoir d'achat" et qui "n'a été que celui de l'augmentation de son propre pouvoir d'achat".

L’argument a donc tout naturellement été ressorti des cartons socialistes après son intervention. Ainsi le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon s'est indigné: "Qui peut être dupe ? Nicolas Sarkozy s'augmente de 160% son salaire et annonce qu'il se le gèle après, non mais franchement (...) c'est une provocation supplémentaire !". "Il faut vraiment avoir le siège assis dans du velours et des coussins bien moelleux pour continuer à avoir des mesures aussi insupportables que ça (...)", s’est-il encore offusqué.

En somme, "on amuse la galerie avec des mesurettes symboliques, mais une nouvelle fois les seuls qui vont devoir se retrousser les manches seront les classes populaires et les classes moyennes alors que les fortunés et les rentiers continueront de faire fructifier les généreux cadeaux que le pouvoir leur a octroyés depuis 2007", a renchéri Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes et président du groupe PS à l'Assemblée.

* Selon le Rapport du député René Dosière, le président de la République gagnait en 2007, 19 331 € net par mois soit 20 200 € brut. En 2009, le Premier ministre était rémunéré à hauteur de 21 206 € brut par mois, soit 16 274 € net. Un ministre lui gagne 14 017 € brut par mois soit 10 849 € net.

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