G8 : les premiers pas de Sarkozy sur la scène internationale

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Baptême du feu sur la scène internationale pour Nicolas Sarkozy. Le président français est à Heiligendamm en Allemagne, pour le sommet du G8 qui s'est ouvert hier. Il s'est déclaré "déterminé" à faire entendre la voix de la France sur les deux principaux sujets à l'ordre du jour, à savoir le climat et l'Afrique.

Nicolas Sarkozy a fait ses premiers pas à un sommet du G8... et plus précisément au sommet d'Heiligendamm en Allemagne qui s'est ouvert hier soir. Le chef de l'Etat français a rencontré la chancelière allemande Angela Merkel. Et pas de doute, Nicolas Sarkozy est "déterminé" à faire entendre la voix de la France. "J'ai deux priorités absolues : c'est convaincre qu'il faut agir pour sauver les équilibres de la planète et convaincre qu'il faut agir en termes de développement, de création de richesse et de santé pour aider l'Afrique à se construire un avenir", a-t-il dit. La lutte contre le réchauffement climatique s'annonce comme le dossier le plus difficile, tant les positions entre l'Union européenne et les Etats-Unis paraissent aujourd'hui éloignées sur les bords de la Baltique. Même si George Bush a exprimé son "fort désir de travailler à un accord post-Kyoto et de voir comment nous pouvons parvenir aux principaux objectifs", à l'issue d'un déjeuner avec Angela Merkel, il n'en reste pas moins qu'un conseiller du président américain a averti que les Etats-Unis s'opposeraient à l'adoption d'objectifs chiffrés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Alors pour tenter de sortir de son isolement sur ce dossier, George Bush a proposé de négocier à une quinzaine de pays - les plus pollueurs - un "objectif global à long terme" de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Une proposition accueillie comme un premier pas, mais un premier pas insuffisant, par les Européens. Nicolas Sarkozy soutient la position d'Angela Merkel, qui est aussi la position européenne : l'objectif d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre de moitié par rapport à 1990, d'ici 2050 et la limitation du réchauffement climatique à deux degrés Celcius à l'horizon 2100. "Il faut un objectif chiffré dans le texte qui sortira" du sommet du G8, a déclaré Nicolas Sarkozy. "Le président Bush a fait des premiers efforts, mais il faut qu'on se fixe un objectif pour bien montrer la détermination du G8 à agir et à obtenir des résultats", a-t-il ajouté. "Il faut qu'on ait le soutien de tout le monde. Il faut qu'on ait le soutien des Japonais, il faut qu'on ait le soutien des Russes", a dit le président français, qui a estimé que la position du G8 sur ce sujet devait être "unanime". "C'est ce à quoi je vais m'atteler maintenant", a ajouté Nicolas Sarkozy, qui a précisé qu'il serait le rapporteur du sommet sur la question du climat - de même qu'il le sera sur la crise du Darfour. Prié de dire s'il pensait un accord possible avec les Américains, il a répondu : "Si c'était facile, ça se saurait." "Je crois qu'il y a un constat international que personne ne peut contester, c'est qu'il faut agir et que c'est maintenant qu'il faut agir", a-t-il estimé. "Parce que si on n'agit pas maintenant, ça sera trop tard pour éviter la catastrophe et, chacun l'a compris, si on agit maintenant, cela coûtera moins cher que si on attend. Donc, tout doit nous pousser à agir."En ce qui concerne l'aide au développement de l'Afrique, dont il a parlé avec les chanteurs Bono, Youssou N'Dour et Bob Geldof, en marge du sommet, il a estimé, là aussi, qu'il fallait "agir" pour éviter un "désastre" et des "risques en termes d'immigration non maîtrisée". Faire en sorte que les Africains aient "un avenir sur leur continent et dans leurs pays" est un "enjeu planétaire", a-t-il souligné. Nicolas Sarkozy connaît son baptême du feu sur la grande scène internationale sur fond de tensions entre les Occidentaux et la Russie. Vladimir Poutine a adopté ces derniers temps un ton menaçant pour dénoncer le projet américain de bouclier anti-missile en Europe de l'Est. Toutefois, un porte-parole du Kremlin a nuancé la mise en garde du président russe : la Russie ne prendra pas forcément pour cible des villes européennes en cas d'extension du bouclier anti-missile américain. Vladimir Poutine s'oppose aussi au projet d'indépendance de l'ancienne province serbe du Kosovo. Le président français doit avoir un entretien bilatéral avec Vladimir Poutine jeudi en fin d'après-midi. Enfin, Nicolas Sarkozy, qui est accompagné de son épouse Cécilia, s'est félicité de l'unité des quatre pays européens membres du G8 - l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et l'Italie. "Avec les Anglais, avec Tony Blair, avec Romano Prodi, avec Angela Merkel (...), je crois que nos montres marquent la même heure, et c'est extrêmement important qu'il n'y ait pas de division des Européens", a-t-il dit. Dans le même temps, aux abords de la station balnéaire, des heurts entre forces de l'ordre et une dizaine de milliers de personnes qui bravaient l'interdiction de manifester ont fait huit blessés parmi les policiers.