Franchise médicale : combien et pourquoi ?

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
En déplacement à Dax mardi, le président de la République a annoncé la création d'une franchise médicale qui doit permettre de débloquer 850 millions d'euros pour financer la recherche sur le cancer, les soins palliatifs et le plan de lutte contre la maladie d'Alzheimer. La mise en oeuvre de cette mesure doit encore être précisée mais elle suscite déjà la polémique chez les syndicats, à gauche et parmi certaines familles de malades.

La création d'une franchise médicale a été confirmée mardi par Nicolas Sarkozy, en déplacement dans un centre de gériatrie à Dax. Le projet avait déjà été évoqué lors de la campagne électorale mais il est désormais présenté par le président de la République comme une source de financement nécessaire de 850 millions d'euros pour faire face à la dépendance des personnes âgées, avec un accent tout particulier mis sur la lutte contre la maladie d'Alzheimer. Une franchise médicale, synonyme de surcoût pour les assurés sociaux, qui déjà crée la polémique. Dans le détail, selon les premiers éléments livrés par Nicolas Sarkozy, il s'agit de verser 0,5 euro sur chaque boîte de médicament, 0,5 euro sur tous les actes paramédicaux et deux euros sur tous les transports médicaux. Tous les assurés sociaux sont concernés par cette mesure sauf les enfants, les femmes enceintes et les bénéficiaires de la couverture médicale universelle. Mais cette franchise n'est pas indexée en fonction des revenus. Elle sera plafonnée à 50 euros par an et par assuré social. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a annoncé que la mesure serait précisée au mois de septembre avant d'être mise en oeuvre début 2008. Un des points qui restent à trancher, c'est le remboursement possible par les mutuelles de la franchise. Pour Laurent Wauquiez, le porte-parole du gouvernement, ce n'est "pas du tout exclu". Mais Roselyne Bachelot a pris les devants d'éventuelles critiques mercredi en expliquant que la franchise serait "la plus juste possible". Car la mesure suscite déjà la polémique. Pour Gérard Bapt, député PS de Haute-Garonne, cette franchise contraste pourtant avec "milliards d'euros de cadeaux fiscaux qui viennent d'être faits aux plus grosses fortunes" dans le "paquet fiscal". Le Parti socialiste a estimé mardi que "Nicolas Sarkozy persiste dans l'hypocrisie" avec l'annonce de la mise en oeuvre de franchises médicales, qui, selon lui, "pénaliseront les malades" et "toucheront les familles les plus modestes". L'instauration de ces franchises médicales est "une mesure particulièrement inégalitaire", a dénoncé de son côté Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, soulignant qu' "on s'éloignerait un peu plus encore des principes de la Sécurité sociale". Pour Force ouvrière, "toute franchise, quelle qu'elle soit, vise avant tout à laisser à la charge des assurés sociaux des dépenses de santé" et ne sert qu'à faire face au désengagement de l'Etat. Selon le CISS, un collectif qui regroupe des associations de malades, "c'est la poursuite d'un renversement déjà amorcé dans notre modèle de solidarité. Demain, ce seront donc encore un peu plus les malades qui paieront pour les malades, car les biens portants ne consomment pas de médicaments, ni de transports médicalisés, ni d'actes paramédicaux".De son côté, Laurent Wauquiez le porte-parole du gouvernement a justifié cette mesure en estimant que "ce que les Français ne veulent plus, c'est les plans à répétitions pour boucher les trous. Cet argent là, il y a un engagement clair, ce sera évalué chaque année, pour que ce soit affecté aux défis de demain". Avec le budget ainsi dégagé, Nicolas Sarkozy a annoncé la mise en place de plusieurs mesures pour essayer de mieux faire face à la dépendance des personnes âgées. Il s'agit notamment de financer la recherche et l'amélioration des traitements liés aux maladies de la vieillesse, en particulier la maladie d'Alzheimer. Un milliard et demi d'euros pourrait ainsi être alloué à cette cause, soit l'équivalent des sommes dépensées pour le plan cancer. Le professeur Joël Ménard a été chargé de présider une commission pour définir un nouveau "plan Alzheimer" dont les premières lignes directrices devraient être connues le 21 septembre. A Dax, Nicolas Sarkozy a aussi annoncé la création d'une cinquième branche de la Sécurité sociale, spécialement dédiée aux personnes âgées dépendantes et handicapées.