L'échange d'amabilité a débuté mardi et le philosophe Bernard-Henri Lévy a été le premier à dégainer. En cause, le discours prononcé par le chef de l'Etat à Dakar en juillet dernier et dans lequel il présentait sa vision du développement de l'Afrique. Dans cette allocution écrite par le conseiller du président de la République, Nicolas Sarkozy expliquait que l'homme africain n'est pas "assez entré dans l'histoire, jamais il ne s'élance vers l'avenir. Dans son imaginaire, il n'y a pas de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès". Ce qui a fait réagir vertement BHL, entraînant une cascade de déclarations de la part d'Henri Guaino et de son entourage.
Bernard-Henry Lévy a estimé que le discours de Dakar était "ignoble", traitant au passage la plume de Nicolas Sarkozy de "raciste", estimant qu'il était "d'inspiration maurrassienne". Pour BHL, décrire ainsi le développement de l'Afrique "en effaçant complètement la colonisation, la destruction du pays par cette époque honteuse du colonialisme, c'est du Guaino et c'est du racisme".
"Un petit con prétentieux" : ce serait les mots utilisés par Henri Guaino pour répondre à BHL, même si ces propos ne sont pas officiels. Jean-Marie Bockel et surtout Laurent Wauquiez se sont chargés à sa place de répliquer en public. Le secrétaire d'Etat à la Coopération a jugé mercredi "incroyable" que Bernard-Henri Lévy ait pu traiter le conseiller de Nicolas Sarkozy de "raciste", en regrettant que le philosophe tienne parfois des "propos infamants". "On peut discuter du discours. Il y a une ou deux phrases qui, si elles avaient été un peu plus travaillées, n'auraient pas suscité certaines mauvaises compréhensions", a argumenté Jean-Marie Bockel. Le porte-parole du gouvernement a lui tenté de calmer le jeu en invitant BHL à se comporter comme Platon : "figure parfaite de l'intellectuel, qui avait le sens de la mesure et de l'équilibre".
Fannie Rascle