FN : des pirates informatiques à l'abordage du paquebot

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Administrator User , modifié à
La police est sur les traces d'un mystérieux "pirate" informatique qui est parvenu, de l'intérieur même du siège du Front national, à se procurer la liste des élus qui avaient promis de parrainer la candidature de Jean-Marie Le Pen à la présidentielle. Cette liste pourrait avoir été mise à profit par des inconnus pour faire pression sur les élus.

Le système informatique du FN a été piraté, et plus particulièrement la partie comprenant la liste des maires et autres élus apportant leur parrainage à Jean-Marie Le Pen. Le sujet est très sensible en cette période de recueil des précieux paraphes, d'autant plus que le candidat frontiste ne cesse de répéter qu'il lui manque des signatures. Cette liste pourrait avoir été mise à profit par des inconnus pour un démarchage téléphonique mené auprès des élus par des personnes se disant journalistes, ou se présentant comme des dirigeants du FN. Ces inconnus ont tenté ces dernières semaines de dissuader les intéressés d'apporter leur signature ou assuré qu'elles n'étaient plus nécessaires. La police est parvenue vendredi à confirmer la thèse du piratage, avancée par Jean-Marie Le Pen. Elle a même identifié le poste de travail d'où l'opération a été menée, à l'intérieur même du "paquebot", le siège du FN à Saint-Cloud. "Sur le plan technique, l'intrusion informatique dans un ordinateur qui recelait le fichier protégé des promesses de signature est établie. Reste à savoir qui l'a menée et qui, éventuellement, qui l'a inspiré", a expliqué un magistrat du parquet de Nanterre. Celui-ci avait ouvert une enquête préliminaire après une plainte pour vol du président du FN la semaine dernière. Le "pirate" a "cassé" la protection du fichier par code d'accès, en se connectant sur un site internet spécialisé dans ce type de décryptage. Les policiers ont remonté le "fil" informatique, parvenant à un poste. Ils ont placé en garde à vue un employé du FN, utilisateur habituel de l'ordinateur, avant qu'il soit mis hors de cause et libéré samedi matin. Cependant, le lien entre l'intrusion informatique et les démarchages téléphoniques malveillants n'est pas totalement établi, le parquet manquant d'éléments, selon un magistrat. Ces derniers jours, le candidat du FN a déposé 21 plaintes pour "usurpation d'identité" dans une vingtaine de départements au sujet de ces démarchages menés en Bourgogne, en France-Comté et en Picardie notamment. Plusieurs quotidiens régionaux, notamment l'Est républicain et le Bien public, ont aussi porté plainte. Jean-Marie Le Pen impute ces manoeuvres à son rival Philippe de Villiers, candidat du Mouvement pour la France. Le président du FN, qui avait atteint le second tour de l'élection présidentielle en 2002, assure qu'il n'a toujours pas les 500 parrainages d'élus nécessaires pour se présenter et qui doivent être déposés avant le 16 mars au Conseil constitutionnel. Selon Louis Aliot, secrétaire général du parti, il manquerait encore une centaine de signatures. Elus de gauche et droite sont partagés sur l'affaire. Certains soulignent que l'absence de Jean-Marie Le Pen au scrutin susciterait une crise politique et ont encouragé implicitement aux parrainages, déclarant qu'une signature ne valait pas soutien. D'autres estiment que Jean-Marie Le Pen a déjà ses signatures et a inventé l'affaire pour se poser en victime.