Erdogan s'adressera ce soir aux Turcs

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Administrator User , modifié à
La Turquie est plongée dans l'expectative alors que le Parlement doit élire un nouveau président. Le seul candidat, le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül, issu de la mouvance islamiste, suscite la méfiance de l'armée et de l'élite laïque du pays. Dimanche, plus de 750.000 personnes, selon un responsable de la police, 1,2 million, selon les autorités municipales, ont manifesté à Istanbul. Le Premier ministre Tayyip Erdogan s'adressera ce soir à la Nation.

La Turquie vient de plonger dans une crise institutionnelle qui risque aussi d'affecter son économie. En cause, l'élection du nouveau président de la République. Après un premier tour de scrutin vendredi au Parlement, qui n'a pas permis de désigner le nouveau chef de l'Etat à cause du boycottage des députés de l'opposition, un deuxième vote doit être, en principe, organisé mercredi. Un seul candidat est en lice, Abdullah Gül, ministre turc des Affaires étrangères et issu de la mouvance islamiste, le parti AKP. La Cour constitutionnelle doit examiner dans la journée un recours déposé par un parti laïque, le Parti républicain du peuple (CHP), qui demande l'annulation de ce premier tour. Si la Cour donne raison au CHP, le Premier ministre Tayyip Erdogan devra convoquer des élections législatives anticipées dans un délai de 90 jours. Le chef de l'Etat sortant, le laïque Ahmet Necdet Sezer, conserverait ses fonctions à titre provisoire dans l'attente de l'élection de son successeur par la nouvelle assemblée. Si, en revanche, la Cour donne raison au gouvernement, Gül devrait l'emporter au troisième tour, fixé au 9 mai, car alors, il n'aura besoin que de la majorité simple, soit 276 voix, ce que l'AKP peut obtenir sans aucun problème. Dimanche, plus de 750.000 personnes, selon un responsable de la police, 1,2 million, selon les autorités municipales, ont manifesté à Istanbul pour dire leur crainte que l'élection d'Abdullah ne marque le début de la fin pour la Turquie moderne voulue par Mustafa Kemal. Vendredi, les militaires turcs, qui ont mené quatre coups d'Etat en cinquante ans et se considèrent comme les garants des institutions laïques, ont également fait part de leur "inquiétude", dans un communiqué en forme de mise en garde. Le Premier ministre turc doit s'adresser à la Nation ce soir. Tayyip Erdogan, qui a finalement renoncé à se présenter à la présidence, et son poulain Abdullah Gül démentent, eux, vouloir faire de la Turquie un Etat islamiste. Ils rappellent qu'ils sont au pouvoir depuis près de cinq ans, période marquée par une forte croissance économique, et qu'ils ont engagé les discussions en vue de l'adhésion du pays à l'Union européenne, signe de leur volonté d'ouverture. Le gouvernement, appuyé par l'UE, a appelé les militaires à ne pas se mêler de politique. Lundi matin, la monnaie nationale, la livre turque, a perdu 4% et l'indice de la Bourse d'Istanbul 8%. Pour tenter de rassurer les marchés, le vice-Premier ministre Abdullatif Sener a affirmé que le gouvernement faisait de la stabilité macroéconomique sa priorité. Dimanche, la plus grande organisation patronale turque, Tusiad, s'est prononcée pour des élections anticipées.