Emotion à Metz après l'agression d'un magistrat au tribunal

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Un magistrat du tribunal de grande instance de Metz a été poignardé mardi matin par la mère d'un mineur alors qu'il présidait une audience d'assistance éducative. Jacques Noris a été opéré, ses jours ne sont plus en danger. Quelque 200 magistrats, avocats et personnels judiciaires se sont rassemblés dans l'après-midi sur le parvis du Palais de justice de Metz pour dire leur émotion.

Le vice-président du tribunal de Metz, président du tribunal pour enfants, a été agressé à l'arme blanche, mardi matin, alors qu'il présidait une audience d'assistance éducative dans son cabinet. Joël Guitton, procureur de la République de Metz, a indiqué que "la victime, âgée de 62 ans, a été atteinte à l'abdomen malgré l'interposition d'un avocat". Frappée de plusieurs coups de couteau, Jacques Noris a été évacué vers l'hôpital Bon secours où il a été opéré. Il se trouve dans un état stationnaire et ses jours ne sont plus en danger, a indiqué le procureur.Selon son avocate, la mère de famille, une femme sans emploi de 35 ans, l'a agressé à l'issue de l'audience avec un couteau qu'elle portait sur elle lorsque le magistrat a confirmé le placement de son fils, âgé d'un peu moins de trois ans, auprès de sa grand-mère paternelle. Ce placement avait été ordonné il y a un an pour des raisons de carences éducatives. "L'audience s'était passée calmement. Je savais qu'elle était extrêmement triste mais je ne m'attendais pas à ça. Elle a commencé à manifester verbalement, a craché au sol. Le magistrat nous a invités à sortir. Elle est restée assise et a sorti son arme", a précisé Me Charlotte Cordebar. La jeune femme, qui est sans antécédent judiciaire, a été interpellée par la police et placée en garde à vue. Une enquête est ouverte en flagrance pour tentative de meurtre avec préméditation sur la personne d'un magistrat dans l'exercice de ses fonctions. Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité. L'agression a provoqué une vive émotion dans la magistrature. Quelque 200 magistrats, avocats et personnels judiciaires se sont rassemblés mardi après-midi sur le parvis du Palais de justice de Metz. L'Union syndicale de la magistrature a exprimé sa "consternation" et sa "révolte" et réclamé des mesures immédiates, faute de quoi il menace d'appeler les magistrats à cesser le travail. Les syndicats soulignent qu'il ne s'agit que de la suite d'une série d'affaires similaires. Ils mentionnent l'agression subie le 31 mai 2007 par une juge des enfants du tribunal de Montargis (Loiret), molestée et insultée dans son bureau, ou encore l'agression d'une greffière du tribunal de Rouen, brûlée vive dans son bureau en septembre 2005. Pour les syndicats de magistrats, cette situation est révélatrice de la misère de la justice française, qui avec un budget de 6,271 milliards d'euros pour 2007 (2,34% du budget de l'Etat), est à un des plus bas niveaux de l'Europe des 27. La ministre de la Justice, Rachida Dati, s'est rendue sur place dans l'après-midi et a fait part de son émotion aux magistrats qu'elle a rencontrés pendant près de deux heures. "J'ai aujourd'hui même demandé à Monsieur l'inspecteur général des Services judiciaires de déterminer les circonstances dans lesquelles une agression d'une telle gravité a pu se produire dans une enceinte judiciaire, et de me dresser sans délai un bilan de la mise en oeuvre du plan d'action pour la sûreté des juridictions", a déclaré le Garde des Sceaux. "J'ai décidé de prendre des mesures immédiates pour améliorer la sécurité des palais de Justice, et je débloquerai dans les tout prochains jours les moyens financiers nécessaires", a-t-elle ajouté.Le président Nicolas Sarkozy a lui exprimé dans un communiqué "son profond soutien" à la victime. "Le président de la République qui est tenu strictement informé de l'évolution de l'état de santé de M. Jacques Noris, s'élève contre cet acte inqualifiable", écrit-il. Le Premier ministre, François Fillon, a fait part dans un communiqué "de sa volonté de tout faire pour améliorer les conditions de sécurité dans les tribunaux, afin d'éviter qu'un tel drame ne se renouvelle".