Elections : le Maroc pourrait amorcer un virage islamiste

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Des élections législatives sont organisées ce vendredi au Maroc. D'après les derniers sondages, les islamistes modérés du Parti de la justice et développement pourrait devenir la première force politique marocaine. Mais cette adhésion de l'opinion peut aussi être lue comme une sanction contre les partis politiques traditionnels, nationaliste et socialistes confondus, dans un scrutin qui pourrait être marqué une fois de plus par la corruption.

" Nous sommes gourmands, nous espérons 80 sièges et pourquoi pas plus" : les islamistes modérés se présentent comme les favoris avant les élections législatives prévues vendredi au Maroc. Selon les derniers sondages, les candidats du Parti de la Justice et Développement récolteraient plus de voix, peut-être au-delà du million, que les deux partis traditionnels marocains, le parti nationaliste et les socialistes. 15, 5 millions d'électeurs sont appelés aux urnes ce vendredi pour remplacer 325 sièges dans la chambre des représentants. Mais une victoire aux législatives n'est pas synonyme d'entrée dans le gouvernement. Car les islamistes modérés sont déjà présents au Parlement depuis 1997 avec neuf sièges et depuis 2002 avec 42 sièges. Selon le mode de scrutin marocain, il est très difficile, voire impossible, d'obtenir une majorité absolue. Et le parti nationaliste traditionnel a d'ores et déjà annoncé qu'il allait reconduire une alliance sans les islamistes. La décision d'appeler les islamistes au pouvoir ou non appartient en dernier ressort au Roi. Reste que la marge d'erreur des sondages est toujours importante au Maroc. Il faudra aussi compter pour ce scrutin sur l'abstention, véritable révélateur de la lassitude des électeurs. Surtout, la corruption pourrait une fois de plus troubler les résultats. Selon l'ONG Transparency International, spécialisée dans la lutte contre la corruption, c'est "un phénomène très répandu" au Maroc, une voix s'échangeant contre de l'argent ou contre des biens, par exemple la moitié d'une paire de babouches pour commencer, la seconde chaussure une fois le vote effectué. Le roi Mohammed VI a d'ailleurs demandé aux partis politiques d'inciter leurs électeurs à participer au scrutin.Mais avec la montée des islamistes, une évolution profonde de la société marocaine est peut-être en marche : le programme des islamistes précise que la "charia islamique doit devenir la source principale de la législation du Royaume" et propose la nomination de deux oulémas, des docteurs en loi musulmane, au Conseil constitutionnel pour s'assurer de la "compatibilité des lois avec la Charia".