EADS : la Caisse des dépôt se défend, Lagarde se tait

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Lors de son audition devant les députés concernant l'affaire de délits d'initiés présumés chez EADS, Philippe Auberger, l'ancien président de la commission de surveillance de la Caisse des dépôts, a affirmé mardi matin que l'Etat "n'a jamais donné" d'autorisation de rachat des titres EADS. Interrogée en séance sur un autre aspect du dossier, Christine Lagarde a elle refusé de se prononcer sur les conséquences possibles de cette affaire pour Arnaud Lagardère.

L'Etat "n'a jamais donné" et "n'avait pas à donner" d'autorisation à la Caisse des dépôts pour racheter les titres vendus par les principaux actionnaires privés et dirigeants d'EADS : c'est la déclaration que Philippe Auberger, l'ancien président de la commission de surveillance, a fait devant l'Assemblée nationale mardi matin. Selon ce témoin, l'Etat avait "simplement à en être informé compte-tenu du caractère stratégique et délicat du secteur".

Cette déclaration vient confirmer les propos de Thierry Breton, le ministre de l'économie de l'époque, qui avait déclaré la semaine dernière que l'Etat n'avait donné ni "feu vert, ni feu rouge" dans ce délit d'initiés présumé parce qu'il n'avait pas à le faire. Pourtant selon le procès-verbal de la réunion de la Commission de surveillance de la CDC du 12 juillet, cité par Le Monde, l'Etat a autorisé la Caisse à procéder à cette acquisition, "dans le cadre du pacte d'actionnaires" d'EADS réunissant l'Etat et le groupe Lagardère (propriété d'Europe 1).

Le groupe socialiste à l'Assemblée nationale va déposer une demande de création d'une commission parlementaire qui enquêterait spécifiquement sur le rôle de l'Etat dans cette affaire et pas sur le délit d'initié présumé dans son ensemble, un champ de compétence réservé à la justice. L'Autorité des marchés financiers enquête sur un possible délit d'initiés commis par les principaux dirigeants et actionnaires privés d'EADS lors de la vente d'actions fin 2005-début 2006. Et ce avant l'annonce de graves difficultés du groupe européen liées notamment au programme A380, qui avait fait plonger le titre en Bourse.

La ministre de l'économie Christine Lagarde a elle été interrogée en séance plénière de l'Assemblée sur une question annexe de ce dossier : l'avenir d'Arnaud Lagardère au sein d'EADS. Le mandat de l'homme d'affaires français comme administrateur du groupe européen doit s'achever le 22 octobre et pourrait être renouvelé. Un député PS a demandé à la ministre si l'Etat allait appuyer sa candidature. Christine Lagarde a préféré ne pas répondre à la question en expliquant : "Ce n'est pas l'Etat qui désignera le conseil d'administration". Arnaud Lagardère est candidat pour occuper au conseil d'administration le siège d'une holding, la Sogeade, qui regroupe les intérêts de l'Etat français et du groupe Lagardère.