EADS : l'Etat a été "irréprochable" selon Breton

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'ancien ministre de l'Economie a été auditionné vendredi par la commission des Finances du Sénat. Une audition destinée à éclairer la chambre sur le délit d'initiés présumé concernant EADS. Thierry Breton a réaffirmé que l'Etat avait été "irréprochable" dans le dossier EADS. Il a assuré n'avoir appris les retards de l'A380 que la veille de leur annonce officielle le 13 juin 2006. Le patron allemand d'Airbus, Thomas Enders a lui démenti ce vendredi avoir commis un délit d'initié en vendant des titres.

Thierry Breton a été entendu, ce vendredi, devant la commission des Finances du Sénat, réunie en urgence après les informations publiées mercredi sur des soupçons de délit d'initiés massif au sein du groupe EADS fin 2005-début 2006. L'ancien ministre de l'Economie a affirmé n'avoir été prévenu d'un nouveau retard dans la livraison de l'A380 que "la veille" de l'annonce officielle par les dirigeants d'EADS, le 13 juin 2006. Le lendemain, le titre EADS avait chuté de 26,32%. Thierry Breton a aussi réaffirmé que l'Etat avait été "irréprochable" dans le dossier EADS. Il s'est aussi dit "choqué" que l'Etat ait été accusé d'avoir joué "un rôle néfaste, mauvais. Je mesure parfaitement bien l'émotion immense que provoque cette affaire dans l'opinion publique, et je la comprends. Je souhaite apporter toute la transparence sur le rôle de l'Etat, du ministère des Finances" qui a été "irréprochable dans cette affaire."

L'ex-ministre de l'Economie a ajouté qu'il avait été "vraiment mécontent" que la Caisse des dépôts et consignations (CDC) se soit portée acheteuse de 2,25% des actions cédées par Lagardère, dans le cadre de la cession annoncée le 4 avril par le groupe de 7,5% du groupe d'aéronautique et de défense. "Cela pouvait donner le sentiment à la partie allemande que nous voulions contourner l'esprit du pacte interdisant à la France de monter au-dessus de sa participation indirecte de 15% dans le capital", a déclaré l'ancien ministre. Thierry Breton a ajouté que, conformément au pacte d'actionnaires qui existe entre les actionnaires français et allemands d'EADS, les pouvoirs publics n'étaient pas en mesure d'autoriser ou d'interdire des opérations de cession.

L'audition de Thierry Breton est la première d'une série destinée à éclairer le Sénat sur les conditions dans lesquelles ont été vendus, par les dirigeants d'EADS et certains actionnaires, des titres EADS à la veille de la révélation des difficultés du groupe au printemps 2006. L'Autorité des marchés financiers a transmis en septembre au parquet de Paris une "note d'étape" sur un délit d'initiés présumé concernant le groupe européen d'aéronautique et de défense. "Un délit d'initiés massif", selon le Figaro qui a affirmé mercredi que l'Etat français connaissait la situation. Le groupe socialiste du Sénat a saisi le président de la haute assemblée d'une demande de constitution d'une commission d'enquête parlementaire sur un éventuel délit d'initié chez EADS

Les uns après les autres, les principaux antagonistes de l'affaire affirment n'avoir été au courant de rien. Le patron allemand d'Airbus, Thomas Enders a déclaré refuser "catégoriquement les allégations et les insinuations qui sont dans la presse". "Je n'ai jamais commis de délit d'initié et je n'ai pas été accusé de délit d'initié par qui que ce soit" écrit Thomas Enders. Le dirigeant allemand d'Airbus coprésidait alors EADS avec le Français Noël Forgeard. C'est à ce dernier qu'était rendu compte de l'évolution de l'activité d'Airbus. Thomas Enders n'avait pas de contrôle formel. Selon le site officiel d'EADS, Noël Forgeard a exercé toutes ses stock-options disponibles en mars 2006 et a dégagé une plus-value totale de 3,5 M d'euros, dont 1 M d'euros par le biais du nom d'un de ses enfants. Thomas Enders lui n'a rien vendu en 2006.

Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, assure que l'Etat "n'était pas au courant des difficultés de l'A380". Il était à l'époque chef du service de l'Inspection générale des Finances. Le rôle de la Caisse des dépôts et consignations lui paraît en revanche nébuleux. Souvent présentée comme le "bras financier" de l'Etat, la CDC fait figure de grand perdant pour avoir racheté au prix fort début 2006 des actions Airbus à Lagardère, quelques mois avant l'effondrement des cours.