Droit au logement opposable : ce qu'en pensent les SDF

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Administrator User , modifié à
Au douzième coup de minuit dimanche, une petite centaine de personnes - SDF ou badauds solidaires - ont fêté la nouvelle année près des tentes installées au bord du canal Saint-Martin à Paris pour dénoncer le sort des mal-logés en France. Quelques heures plus tôt, sur un petit poste de radio installé à l'abri de la pluie, tous avaient écouté les voeux de Jacques Chirac qui a réclamé une action rapide du gouvernement pour "faire du droit au logement une réalité".

"Faire du droit au logement une réalité", cette phrase résonne dans les esprits de tous ceux qui ont fêté le passage en 2007 près du canal Saint-Martin à Paris. Depuis, ils oscillent. "Langue de bois", estiment la plupart. "Il faut autre chose que des paroles", souligne Vincent, architecte trentenaire venu passer deux nuits sous tente avec les SDF par solidarité. "Le droit au logement est dans la Constitution mais il n'est pas appliqué." "Le droit au logement opposable, on en rêve depuis des années. Si ça se met en place, on a gagné", tempère Jean-Baptiste Legrand, l'un des organisateurs du "campement solidaire" au coeur du Xe arrondissement de Paris. "Chirac ne pouvait pas entrer dans les détails dans ses voeux. Nous on veut un débat à l'Assemblée. On reste sur le message : 'la charte, rien que la charte, toute la charte'", explique Jean-Baptiste Legrand, se félicitant du "consensus politique gauche-droite" qui s'est formé autour de ce texte. "On ne lâchera pas." Dans cette charte, l'association des Enfants de Don Quichotte réclame l'ouverture des structures d'hébergement pour sans-abri toute la journée, toute l'année, l'application de la loi de réquisition des logements vides et l'augmentation du nombre de logements sociaux.De nombreuses personnalités, de François Bayrou à Arlette Laguiller en passant par Christine Boutin, ont signé le texte cette semaine. D'autres, comme Ségolène Royal, s'y sont associées. Les hommes politiques, "il faut qu'ils fassent quelque chose pour les gens comme nous", explique Raouf, 56 ans, dans la rue depuis trois ans, depuis que sa propriétaire a vendu la petite chambre de bonne qu'il payait au noir dans le XVIe arrondissement. "Il faut plus de logements sociaux, des foyers propres s'il vous plaît, où chacun aurait sa clé", énumère cet ancien ouvrier du revêtement, "déjà deux fois grand-père", qui transporte sa couette dans un sac de sport noir.