Drame d'Epinay: 2 à 15 ans de prison ferme pour les agresseurs

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le tribunal de Bobigny a livré son verdict dans l'affaire du drame d'Epinay: des peines de 2 à 15 ans de prison ferme ont été prononcées. Quatre jeunes hommes étaient poursuivis pour des violences ayant entraîné la mort, le 27 octobre 2005 à Epinay-sur-Seine, de Jean-Claude Irvoas, employé d'une entreprise d'éclairage public, venu photographier un réverbère.

Deux à quinze ans de prison ferme. Telles sont les peines prononcées par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis contre quatre jeunes reconnus coupables d'avoir pris part à l'agression mortelle d'un homme qui prenait des photos dans une cité d'Epinay en 2005.

Benoît Kusonika, 25 ans, le seul à reconnaître avoir frappé Jean-Claude Irvoas, le 27 octobre 2005 à Epinay-sur-Seine, a écopé de la plus lourde peine : 15 ans à l'issue de sept heures de délibéré. Le jury, majoritairement féminin, a condamné à 12 ans de prison Samba Diallo, 24 ans et Icheme Brighet, 22 ans, reconnus coupables, tout comme Benoît Kusonika, de vol suivi de violences ayant entraîné la mort. Sébastien Béliny, 21 ans, le seul à comparaître libre, condamné pour complicité, a écopé de deux ans avec mandat de dépôt. Son avocat avait plaidé l'acquittement. A l'annonce du verdict, des pleurs des proches des accusés ont éclaté.

Dix-huit ans de réclusion avaient été requis jeudi devant les assises de Seine-Saint-Denis contre l'auteur principal de l'agression mortelle d'un homme qui prenait des photos en 2005 à Epinay-sur-Seine. Des peines allant de 5 à 12 ans avaient été demandées contre les trois autres. Jean-Claude Irvoas, 56 ans, employé d'une société d'éclairage public, photographiait des lampadaires pour le compte de son entreprise au détour d'une balade en famille quand il a été pris à partie par deux, puis trois jeunes gens, le quatrième restant à l'écart. Ce 27 octobre 2005, en plein après-midi, il tombe sous les yeux de sa fille après un violent coup de poing à la tête asséné par Benoît Kusonika, 25 ans, qui s'était rendu à la police après douze jours. La victime décèdera quelques heures plus tard des suites d'un traumatisme crânien provoqué par sa chute.

Le principal suspect, décrit comme réservé, élevé dans des principes stricts, a asséné "de nombreux coups", pas seulement le "coup fatal" qu'il revendique, a estimé l'avocat général en requérant contre lui la plus lourde peine, pour "vol suivi de violences ayant entraîné la mort", un crime passible de la réclusion à perpétuité. Cette violence a été "facilitée" par son état (nuit blanche, alcool et de nombreux joints de cannabis fumés). Il a agi "aveuglé par sa haine des flics", a expliqué Camille Hennetier, car M. Irvoas s'était présenté par "naïveté" comme un policier de Nanterre pensant que cela "découragerait ses agresseurs". Soulignant la "contradiction" entre le nombre de lésions relevées sur le corps de la victime (au moins neuf hématomes profonds autres que ceux causés par la chute) et les déclarations des accusés, l'avocat général s'est dit convaincu qu'ils "ne disent pas la vérité". Hormis Kusonika, qui admet un seul coup, les autres nient avoir frappé le père de famille.

Se fondant sur "les seuls éléments incontestables" du dossier, la vidéo-surveillance, par moments rendue inexploitable par des feuillages ayant masqué la scène, et les expertises médico-légales, l'avocat général a estimé que Samba Diallo, 24 ans et Icheme Brighet, 22 ans, "ont aussi dû porter coups de poings et pieds", dans l'intention "plus prosaïque et crapuleuse" de voler l'appareil. Elle a demandé contre eux 12 années de prison. Contre Sébastien Béliny, 21 ans, le "guetteur" resté à l'écart de la scène, qui comparaissait libre, elle a requis 5 ans pour "complicité". Selon Mme Hennetier, M. Irvoas a été "un intrus sur le territoire" de ces jeunes d'Epinay, dont deux vendaient du cannabis dans la rue du drame à Orgemont, un quartier "sensible", "supermarché de la drogue". "Vous avez décidé ce jour-là qu'il était un hostile", a reproché Me Frédéric Champagne, avocat de la famille, à Samba Diallo, le premier à s'être élancé derrière la victime.