Doubs : l'UMP opte pour le "ni-ni", contre l'avis de Sarkozy

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Louis Hausalter , modifié à
C'EST TRANCHÉ - Le bureau politique du parti appelle ses sympathisants à voter blanc ou à s'abstenir au deuxième tour de l'élection législative partielle du Doubs, dimanche. Un désaveu pour Nicolas Sarkozy.

Jusqu'au bout du suspense. Au terme d'un bureau politique visiblement mouvementé, l'UMP a adopté mercredi soir une position officielle sur le second tour de l'élection législative partielle du Doubs, qui se tient dimanche. Le parti "appelle tous ceux qui se reconnaissent dans ses valeurs à exprimer leur double opposition en votant blanc ou en s’abstenant", selon un communiqué. L'UMP a donc finalement opté pour le "ni-ni", désavouant l'avis de son président Nicolas Sarkozy, qui avait appelé plus tôt dans la journée à dire "non au FN", tout en laissant "les électeurs choisir".

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Un parti coupé en deux. Cette position a été adoptée dans la douleur. Selon des participants, la motion du "ni-ni" a été adoptée par 22 voix, contre 19 pour le texte du président de l'UMP, qui appelait les électeurs de la 4e circonscription du Doubs à "voter soit socialiste, soit blanc" ou "à s'abstenir".

Dans son communiqué, l'UMP affirme d'abord que "le Front National doit être combattu avec la plus grande fermeté", dénonçant "les idées de ce parti, sa volonté de monter les Français les uns contre les autres, l’absence de scrupules de ses dirigeants qui ont permis l’élection de François Hollande". Il souligne d'autre part que "la présidence de François Hollande a conduit la France dans une impasse économique, sociale et politique aux effets catastrophiques".

Une majorité de ténors en faveur du "ni-ni". Une manière de se tenir à équidistance du FN comme du PS, alors que depuis l'élimination du candidat UMP dès le premier tour de la législative partielle, le parti se déchire sur l'attitude à adopter. Si la plupart des ténors ont prôné le "ni-ni", à l'instar de François Fillon, Bruno Le Maire ou du secrétaire général du parti, Laurent Wauquiez, des voix divergentes se sont fait entendre. Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente déléguée du parti, avait annoncé dès lundi matin qu'"à titre personnel", elle choisirait le vote PS.

Juppé : le FN, "notre principal adversaire". Alain Juppé est sur la même ligne : le maire de Bordeaux a appelé sur son blog à "faire barrage au FN". "Désormais, notre principal adversaire, c'est le Front national", a argumenté l'ancien Premier ministre, mardi sur France 2. Même si, pour lui, "il n'est pas question de front républicain" puisqu'il n'est "pas question d'alliance". Alain Juppé a par ailleurs appelé l'UMP à "monter en puissance" face au FN. "Nous avons été peut-être trop complaisants, pas assez agressifs", a-t-il estimé.

Sarkozy contredit. Nicolas Sarkozy, lui, a tenté de défendre une synthèse : "non au FN", mais "on laisse les électeurs choisir", a-t-il prôné mardi devant les députés UMP. Une déclaration qui a suscité des grondements dans l'assistance. Le président de l'UMP a finalement été contredit quelques heures plus tard par le bureau politique de son propre parti. La question de l'attitude à adopter face au Front national, source de tiraillements depuis plus de trente ans, risque une nouvelle fois de laisser des traces à un parti en convalescence depuis sa défaite de 2012.

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