Dominique Baudis, mort d'un hyperactif

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Le Défenseur des droits, ex-maire de Toulouse, ex-député, ex-député européen, est mort jeudi d’un cancer généralisé.

L’ancien maire de Toulouse Dominique Baudis est mort. Il a succombé jeudi matin à l'hôpital du Val-de-Grâce à un cancer généralisé, contre lequel il luttait depuis plusieurs années. Le Défenseur des droits allait avoir 67 ans le 14 avril prochain. Au cours de sa carrière, l’ancien président du CSA, homme du centre, aura connu un nombre impressionnant de mandats électifs et de fonctions. Retour sur la vie de cet hyperactif de la politique pour qui il y a eu un "avant" et un "après" l'affaire Alègre et ses accusations calomnieuses.

Premiers pas dans le journalisme. Si Dominique Baudis fait très tôt ses débuts en politique, puisqu’il est nommé responsable du mouvement des Jeunes démocrates en 1985, c’est d’abord au journalisme qu’il se consacre. De 1971 à 1975, il est journaliste au Liban, pays qu’il quitte au déclenchement de la guerre civile. De 1975 à 1980, il travaille à TF1, une chaîne pas encore privatisée, d’abord comme correspondant au Proche-Orient, puis comme présentateur du journal de 20 heures entre 1977 et 1980.

Dominique Baudis est ensuite transféré sur France 3, où il présente le Soir 3, jusqu’en 1982. Sur la troisième chaîne, il est également chargé des relations avec le Sénat. Preuve que la politique ne l’a jamais vraiment quitté.

Maire de Toulouse et député européen. Le journaliste Dominique Baudis laisse alors place à l’homme politique. Qui enchaînera les succès électoraux. En 1983, il succède à son père Pierre à la mairie de Toulouse. Le paternel a siégé 11 ans à la tête de la Ville Rose ? Son fils fera mieux, puisqu’il sera élu sans discontinuer jusqu’en 2001, soit 18 ans de mandat.

Dans l’intervalle, il enchaîne les victoires. Il est élu en 1984 député européen, puis, profitant à plein de la permission de cumuler des mandats, il est élu à la tête du conseil régional de Midi-Pyrénées, entre 1986 et 1988. A cette date, il quitte le Parlement européen et se présente à la députation de la première circonscription de Haute-Garonne, qu'il remporte. Il reste parlementaire jusqu’en 1994, puis retrouve son siège entre 1997 et 2001.

Un europhile convaincu. Mais c'est finalement bien au Parlement européen qu'il aura exercé le plus de mandat, trois au total. En 1994, il conduit la liste RPR-UDF aux européennes, élection qu'il remporte avec 25,58% Il restera trois ans à Bruxelles. Dès lors, il devient un poids lourd de la politique, mais refuse les ministères. Et en 2009, c'est à nouveau le Parlement européen qu'il choisit pour faire son retour en politique après une parenthèse longue de huit ans.

CSA, Institut du Monde arabe, Défenseur des droits. Dominique Baudis a également occupé plusieurs fonctions apolitiques, du moins en théorie. En 2001, il quitte tous ses mandats électifs pour présider, à la demande de Jacques Chirac, le CSA. Malgré des polémiques sur ses préférences politiques, il reste en poste jusqu’en 2007 et conduit notamment le lancement de la télévision numérique terrestre (TNT) A cette date, il prend la tête de l’Institut du Monde arabe.

Un mandat qu’il délaisse, comme ses fonctions politiques retrouvées, en 2011, pour devenir Défenseur des droits sur nomination du président de la République, Nicolas Sarkozy. Une mission qui englobe alors pour la première fois celles du Médiateur de la République, du Défenseur des enfants, de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité (HALDE) et de la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité (CNDS). 

Et c'est un Défenseur des droits très actif qui pointe du doigt des dysfonctionnements de la société. Il alerte tour à tour sur le harcèlement au travail, sur la maltraitance des enfants, ou encore, comme en mars 2013 sur Europe 1, sur la discrimination sociale dans les cantines scolaires.

Cantines scolaires : "c’est très discriminant"par Europe1fr

L’éreintante affaire Alègre. Le nom de Dominique Baudis rappelle aussi la sordide affaire Alègre. En 2003, le tueur en série accuse le maire de Toulouse de faits très graves, tels que proxénétisme, viol, meurtre et acte de barbarie. L’élu choisit de se défendre en personne sur TF1. "La calomnie, je vais l’affronter face à face, les yeux dans les yeux, et je vais la prendre à la gorge", lance-t-il, le front perlé de sueur. Une image qui marqua beaucoup à l'époque. "Je n’ai jamais ni de près ni de loi fréquenté Patrice Alègre, fréquenté des proxénètes, ni participé ou organisé des soirées barbares. Je ne baisserai pas les bras tant que je ne sauris pas qui est à l’origine de cette saloperie."  Il faudra deux ans à la justice pour laver Dominique Baudis de tout soupçon, et condamner ses calomniateurs.

"C'est la rage et les bouffées de colère qui m'aident à tenir. Si j'avais mis fin à mes jours, on l'aurait traduit comme un aveu de culpabilité. Bien sûr que je n'en sors pas indemne, j'en sors même très meurtri. Ce drame représente certainement un tournant dans ma vie", confia-t-il lors de la sortie de "Face à la calomnie", journal qu'il a tenu pendant ses 18 mois de cauchemar. Il reproche à son successeur à la mairie de Toulouse, Philippe Douste-Blazy, de ne pas l'avoir prévenu des accusations et au quotidien La Dépêche du Midi de l'avoir diffamé.

Sur Europe 1, en 2011, au moment de l'affaire DSK, Dominique Baudis était revenu sur ce qu'il qualifiait alors d"'épreuve de la vie". "On a tort quand on veut rendre la justice dans les salles de rédaction, sur les plateaux de télévision ou au comptoir du café du commerce. Il y a des gens dont c’est le métier de faire des enquêtes. On a parfois tendance à aller plus vite qu’il le faudrait", rappelait-il. Et pour résister à la calomnie ? "On puise au fond de soi-même toutes les forces qu’on peut trouver, on n’a pas le choix."

Baudis : "la justice ne se rend pas à la...par Europe1fr
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ARCHIVE - Baudis disait sa fierté de s'être battu contre la calomnie