Défilés contre le nucléaire dans plusieurs villes

  • Copié
Administrator User , modifié à
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté ce samedi dans plusieurs villes de France pour dénoncer les réacteurs de troisième génération de type EPR et demander la fermeture des centrales nucléaires, à commencer par les plus anciennes. A cinq semaines du premier tour de l'élection présidentielle, les défilés organisés à Lille, Lyon, Toulouse, Strasbourg et Rennes avaient aussi pour but d'interpeller les prétendants à l'Elysée sur l'avenir de l'énergie nucléaire.

Selon le réseau Sortir du nucléaire, la manifestation "historique" de ce samedi, "digne des plus grands rassemblements des années 1970", a rassemblé 62.000 personnes au total. Les manifestants "ont clairement démontré qu'ils ne voulaient pas de relance du nucléaire en France. Ils doivent être entendus", écrit l'organisation dans un communiqué. A Strasbourg, la manifestation a rassemblé plusieurs milliers de personnes - 2.100 selon la police, 5.000 d'après les organisateurs - entre fanfare, batterie de tambour et orchestre de la CGT. Le porte-parole des Verts, le Strasbourgeois Yann Wehrling, celui de la LCR, Alain Krivine, et le président du Mouvement écologique indépendant, l'Alsacien Antoine Waechter, participaient à la manifestation. Un gigantesque "die in" (les manifestants se couchent par terre pour simuler une hécatombe) a marqué, toutes sirènes hurlantes, la traversée de la place de la République où se dresse la préfecture. Aux pancartes "nucléaire non merci" répondaient les panneaux "Atomkraft nein danke", en moins grand nombre que d'habitude, la mobilisation allemande souffrant sans doute de l'abandon programmé de l'énergie nucléaire outre-Rhin. Le gros des troupes était fourni par les militants des collectifs "Stop Bure", qui se battent, aux confins de la Lorraine et de Champagne-Ardennes, contre la construction d'un centre expérimental d'enfouissement de déchets nucléaires et par les membres du collectif "Stop Fessenheim". Déguisés en alsaciennes à tête de mort, ces derniers ont comme premier objectif la fermeture de la centrale alsacienne de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne de France. Des dizaines de milliers de personnes - plus 30.000 selon les organisateurs -, se sont rassemblées à Rennes. "On est surpris par l'ampleur du défilé. C'est une très grosse réussite", a déclaré un porte-parole de Sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme, qui se trouvait sur place. Selon lui, "huit Français sur dix, même les gens qui s'accommodent des réacteurs actuels, sont contre la construction de nouveaux réacteurs". Le réseau Sortir du nucléaire, qui fédère 760 associations, demande la fermeture en priorité de quatre centrales anciennes qu'il juge dangereuses : Fessenheim, Tricastin (Drôme), Le Blayet (Gironde) et Bugey (Ain). A Toulouse 3.500 personnes selon police, 5.000 selon les organisateurs, sont parties des bords de la Garonne en direction de la place du Capitole. La candidate des Verts à la présidentielle, Dominique Voynet, était en tête de cortège. Les manifestants réclament "un plan de sortie du nucléaire avant un drame comme Tchernobyl", a dit Stéphane Lhomme. Le réacteur pressurisé européen (EPR, de l'anglais European Pressurized Reactor) a été conçu et développé par Areva NP, société commune de Areva et Siemens AG. Les objectifs affichés de l'EPR sont d'améliorer la sûreté et la rentabilité économique par rapport à celles des précédents réacteurs à eau pressurisée. Pour ses détracteurs, l'EPR est dangereux, coûteux et aggrave le problème des déchets radioactifs. Un réacteur EPR est installé à Flamanville, dans la Manche.