Débat PS : un final un peu sage

Les six candidats à la primaire socialiste se sont livrés mercredi soir à un débat sans surprise.
Les six candidats à la primaire socialiste se sont livrés mercredi soir à un débat sans surprise. © Maxppp
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Des piques à mots couverts, du volontarisme, mais le dernier débat de la primaire a été sans surprise.

Pendant près de deux heures trente mercredi, les six candidats à la primaire socialiste ont profité de cet ultime "round télévisé" pour parler de crise, d'Europe, de retraites, de banlieues et de santé. Voici, en trois minutes chrono, ce qu’il fallait retenir de cette troisième et dernière confrontation.           

Haro sur Hollande

Aubry joue son va-tout. Distancée par François Hollande dans les sondages, Martine Aubry a employé un ton volontaire, presque autoritaire pour tenter de déstabiliser le député de Corrèze qui s'est montré détaché et prudent tout au long du débat. Rebondissant sur la proposition de ce dernier de créer 60.000 postes dans l'Education nationale sur cinq ans, la maire de Lille l'a interpellé : "Ça coûte combien ? "2,5 milliards d'euros", a répliqué le socialiste visiblement serein. "Je voulais vérifier que François Hollande, après avoir proposé de ne pas abroger le budget de l'Education nationale, maintenant voulait l'augmenter de 2,5 milliards d'euros", a ensuite lancé Martine Aubry, jugeant qu'il avait changé d'avis.

Autre pique remarquée de la maire de Lille : "on ne peut pas battre une droite dure si on est une gauche molle", allusion à la mollesse supposée du député de Corrèze.

Hollande le "notable". Traiter quelqu'un de "notable", est-ce un compliment ? Ségolène Royal l'a assuré mercredi soir, alors qu'elle était interrogée sur les propos lancés contre son ex-compagnon François Hollande dans un documentaire diffusé la veille sur Canal + ("c'est un notable", "si on l'écoute, c'est dormez braves gens). "C'est piégeux !", s'est d'abord exclamée Ségolène Royal, avant de s'en tirer par une pirouette : "c'est un compliment ! Nous sommes tous des notables, nous sommes tous des élus !".

"Nous avons bataillé pour l'être", a renchéri le député de Corrèze. "Et sur le fait qu'il faille dormir de temps en temps, c'est nécessaire pour ensuite reprendre des forces et mener des campagnes victorieuses", a enchaîné François Hollande. "Mais nous ne sommes pas tous des cumulards", a glissé en riant Ségolène Royal.

Autre moment léger, le lapsus de Jean-Michel Baylet, l'invité venu du Parti radical de gauche qui a parlé des "PMU" des banlieues, au lieu des PME.

La santé et la retraite divisent

La désertification médicale. Sur le fond, une ligne de partage nette est apparue au cours du débat sur la lutte contre les déserts médicaux et la liberté d'installation des médecins. Arnaud Montebourg et Martine Aubry ont pris de front la liberté d'installation que défendent les principaux syndicats de médecins, en prônant des mesures dirigistes. "Les mesures incitatives, ça ne marche pas", a dit Martine Aubry, qui propose d'aller "contre la liberté d'installation", comme en Angleterre et en Suisse.

"On ne peut pas agir par la contrainte", a rétorqué Manuel Valls, tout comme le radical Jean-Michel Baylet qui "préfère inciter" plutôt que prendre des "mesures coercitives". Position également partagée par François Hollande.

La retraite à 60 ans. L'âge du départ à la retraite est revenu au cœur du débat. Arnaud Montebourg a promis de revenir à 60 ans. "Il faut abroger la loi actuelle et en faire une nouvelle", a-t-il ajouté. Même son de cloche chez Ségolène Royal qui "rendra la retraite à 60 ans aux Français qui ont cotisé suffisamment". "Mais pas de retour sur la retraite à 60 ans pour Jean-Michel Baylet, François Hollande et Manuel Valls. "Un candidat qui dit la vérité est un président qui ne déçoit pas", a dit le député-maire d'Evry. "Je ne ferai pas croire aux Français que nous reviendrons à la retraite à 60 ans telle qu'elle a été instaurée en 1982", a-t-il conclu.

Les cartes rebattues pour le 2nd tour

Valls prend de la hauteur. Manuel Valls a une nouvelle fois joué la rupture avec ses concurrents. Le député-maire d'Evry a jugé nécessaire de "dire la vérité" aux Français et a ajouté : "je ne veux pas qu'on gagne sur le rejet de Nicolas Sarkozy". "Quand on a dit qu'on va démondialiser, mettre sous tutelle les banques ou qu'on va interdire les licenciements boursiers, ça ne marchera pas", a-t-il déclaré, taclant directement Ségolène Royal et Arnaud Montebourg. Un discours de rupture qui le place dans le sillon de François Hollande.

Montebourg, Royal et Aubry rassemblés ? Sur l'emploi, l'école ou encore la santé, les trois candidats socialistes ont exprimé des positions assez proches. A plusieurs reprises, Martine Aubry a tendu la main à Ségolène Royal et Arnaud Montebourg sur son aile gauche, ce qui là aussi pourrait laisser présager des alliances de second tour.