Débat PS : qui a gagné le match ?

Contrat de génération, TVA sociale, justice, sécurité, immigration... Le deuxième débat télévisé de la primaire PS a mis en lumière mercredi soir des divergences sur plusieurs thèmes entre les six concurrents au scrutin des 9 et 16 octobre.
Contrat de génération, TVA sociale, justice, sécurité, immigration... Le deuxième débat télévisé de la primaire PS a mis en lumière mercredi soir des divergences sur plusieurs thèmes entre les six concurrents au scrutin des 9 et 16 octobre. © 930620
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Hélène Favier , modifié à
Le débat de mercredi a-t-il modifié le rapport de force ? Pas si sûr, répondent les politologues.

Hollande, en tenancier-favori, a curieusement conclu presque tous les passages du débat. Aubry, garante du projet PS, a insisté sur son expérience et les outsiders sont passés à l’offensive. Bref, mercredi soir, pour le second débat de la primaire PS, "chaque candidat a tenu son rôle".

Un débat d'idées "enlevé"

"On a presque assisté à une redite du premier débat, en plus insicif. C’était un débat d’idées, avec un peu plus de confrontation", analyse, pour Europe1.fr, Jean-Daniel Lévy, d'Harris Interactive. Les six candidats étaient, en effet, "beaucoup plus à l'aise, ils sont en campagne, ils donnent des exemples qui viennent du terrain, ils font aussi plus de propositions", note, pour sa part, Frédéric Dabi de l'Ifop. En résumé "c'était un débat nettement plus enlevé que le précédent parce qu'ils ont tous endossé les habits de candidats", ajoute le politologue.

François Hollande, tout d’abord, "n’a pas commis de faute", explique Jean-Daniel Lévy qui estime que le favori des sondages a "également su prendre des positions différentes de ses challengers, notamment sur les licenciements boursiers". Longtemps en retrait alors que les juniors de la primaire ferraillaient sévèrement, l’élu de Corrèze a, donc, selon lui, fait montre "d’une certaine stature présidentielle". Certes, il a occupé une "position un peu en surplomb mais il ne s'est pas tellement engagé sur le fond", tempère toutefois le spécialiste de la gauche, Gérard Grunberg, se demandant si cette attitude "dessert ou pas" le chouchou des sondages.

Aubry, trop "collée" au projet PS ? 

Avec son "Est-ce qu’on peut dire qu’on est tous d’accord ?", Martine Aubry, elle, a provoqué les rires de ses challengers. Mercredi soir, son jeu était limpide : garante du projet PS, elle est celle qui veut "rassembler". Mais, la maire de Lille n’a toutefois pas réussi à s'extraire du programme PS, à apporter sa petite touche personnelle. Même sur "le thème de l’emploi, son thème de prédilection, elle n’a pas su dégager de propositions 'phare' ’', commente Jean-Daniel Lévy.

Quant à Ségolène Royal, elle s’est montrée "très punitive", assène Gérard Grunberg. Plus offensive que lors du premier débat, où elle avait été très en-dedans, elle n’a cependant pas su créer de coup d’éclat. "Elle était dans l’attendu. Elle n’a pas sorti de propositions inédites comme elle le faisait en 2006", poursuit Jean-Daniel Lévy. Selon une étude OpinionWay, LeNewz, Umap’s, l’ex-candidate de 2007 a toutefois gagné un match : c’est elle qui "s’impose par le volume de tweets générés par son intervention, avec 24% de l’ensemble des citations qui lui sont rattachées".

Les juniors jouent les hussards 

Arnaud Montebourg a été "assez bon dans la forme mais avec beaucoup d'à peu près", affirme Gérard Grunberg, alors que Rémi Lefebvre, professeur de Sciences politiques à l'université de Lille Il, estime qu’il était "très affûté et cohérent, encore plus que lors du premier débat". Occupant la gauche de la gauche, "il a poursuivi le chemin qu’il avait tracé lors du dernier débat. Sa ligne n’a pas bougé", conclut Jean-Daniel Lévy, rappelant qu’à la suite du premier débat, Arnaud Montebourg avait bénéficié d’une forte poussée dans les sondages.

Ultra-présent dans les échanges, Manuel Valls a "été clair" et offensif, juge Jean-Daniel Lévy. Il "a été très bon, très courageux sur une ligne minoritaire", renchérit Gérard Grunberg. En somme, le député-maire d'Evry a joué plus "la différenciation", que la "gagne". Son pari est avant tout de gagner en notoriété : dans le baromètre Ifop de septembre dernier, un quart des sondés disait ne pas le connaître.

Baylet, l'homme à part 

Totalement à l’extérieur de ce jeu socialiste, le président du Parti radical de gauche, Jean-Michel Baylet a joué de son statut d’homme à part dans la primaire. Sur "le langage, le look, les thèmes abordés", il était "clairement en dehors", souligne Jean-Daniel Lévy.

Au final, le rapport de force n’a pas fondamental changé, après ce second débat… "Encore faut-il attendre de voir comment 'les commentateurs' analyseront ce débat. Inévitablement leur vision influencera tous ceux qui n’ont pas suivi le débat mercredi soir", insiste encore le sondeur.

Une troisième confrontation aura lieu le 5 octobre et un duel, s'il y a un second tour, est prévu le mercredi 13 octobre.