Colonna : ultime offensive de la défense au dernier jour des débats

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
A quelques heures de la fin des débats, la défense d'Yvan Colonna a demandé et obtenu mardi matin à la cour d'assises spéciale de Paris l'examen d'une empreinte digitale retrouvée lors de l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella en 1997. La comparaison entre l'empreinte et celles d'Yvan Colonna s'est avérée négative. La défense voulait étayer sa thèse selon laquelle les conjurés de Pietrosella et de l'assassinat du préfet Erignac étaient plus nombreux que ne dit l'accusation.

La défense d'Yvan Colonna a réussi mardi, à quelques heures de la fin des débats, une ultime offensive en demandant à la cour d'assises spéciale de Paris l'examen d'une empreinte digitale retrouvée lors de l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella (Corse-du-Sud) en septembre 1997. Cette attaque, à laquelle le berger est accusé d'avoir participé, est liée à l'assassinat de Claude Erignac le 6 février 1998 puisque c'est l'une des deux armes volées à deux gendarmes lors de l'opération qui a servi au meurtrier du préfet. "Une empreinte digitale non identifiée à Pietrosella, retrouvée sur le ruban adhésif ayant servi à ligoter un gendarme, n'a pas été versée au dossier", a affirmé Me Gilles Simeoni, estimant "indispensable" de la comparer avec celle de l'accusé. L'empreinte digitale ne figure pas dans le dossier en tant que telle mais elle est mentionnée dans un réquisitoire du parquet datant de 2002.

La cour a accepté la demandede la défense, l'avocat général et les conseils de la famille Erignac ayant déclaré qu'elles ne s'opposaient pas à cette demande, tout en estimant qu'il s'agissait d'une manoeuvre. La comparaison entre l' empreinte et celles d'Yvan Colonna a été effectuée dans l'après-midi. "Les analyses se sont révélées négatives. Ce que la cour présumait est confirmé scientifiquement", a dit le président Dominique Coujard. Puisqu'il avait déjà été prouvé que cette empreinte n'appartenait pas non plus aux membres du commando sous les verrous, la défense voulait, avec cette démarche, étayer sa thèse selon laquelle les conjurés de Pietrosella et de l'assassinat du préfet Erignac étaient plus nombreux que ne le dit l'accusation. "Ces personnes étaient probablement à Ajaccio le 6 février 1998, mais cette vérité-là, vous ne voulez pas l'entendre", a lancé Me Simeoni.

Cette offensive de la défense a clôturé les débats du procès, puis les parties civiles ont débuté leurs plaidoiries. L'avocat de la veuve et des deux enfants du préfet Erignac, Philippe Lemaire, a regretté qu'Yvan Colonna "n'assume pas" un acte dont il est selon lui "incontestablement" l'auteur. Dernier avocat des parties civiles à plaider avant le réquisitoire prévue mercredi, Me Lemaire a jugé "évident" que l'accusé est "le septième" homme du commando à l'origine de l'assassinat. "Ici même, quand la peine de mort existait encore, j'ai défendu des accusés du FLN, des gens de l'OAS, des soldats perdus qui avaient commis des crimes, mais qui au nom de leur engagement assumaient leurs actes", a déclaré Me Lemaire. Puis, se tournant vers le box, il a ajouté: "c'est dommage que vous n'ayez pas pris ce chemin là! Car je pense que la cour en aurait tenu compte."