Clearstream : Villepin entendu pendant 8 heures chez les juges

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a quitté le bureau des juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons à 19h30, jeudi, après huit heures d'interrogatoire. Mis en examen en juillet, il était questionné pour la première fois en qualité de suspect dans l'affaire Clearstream.

Arrivé en milieu de matinéeavec ses avocats, Olivier d'Antin et Luc Brossolet, Dominique de Villepin a quitté à 19h30 le bureau des magistrats du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons. "L'audition d'aujourd'hui a permis de faire un grand pas vers la manifestation de la vérité", a estimé l'ancien Premier ministre à sa sortie. "J'ai remis comme vous le savez aux magistrats un dossier de 80 pages (une note de 23 pages accompagnée de vingt annexes, ndlr) répondant à l'ensemble des points de ce dossier", a ajouté Dominique de Villepin. "Nous n'avons pas pu aborder aujourd'hui l'ensemble des questions", a-t-il précisé. "Les magistrats ont souhaité reporter à une séance ultérieure les questions restantes et donc une deuxième audition est prévue dans le courant du mois d'octobre".

L'ancien chef de gouvernement a été mis en examen le 27 juillet pour "complicité de dénonciation calomnieuse, recel de vol, recel d'abus de confiance et complicité d'usage de faux". Il est soupçonné d'avoir suscité la remise en 2004 à un juge anti-corruption, Renaud Van Ruymbeke, de fausses listes de comptes bancaires de la société financière luxembourgeoise Clearstream, qui semblaient compromettre, parmi plusieurs centaines de personnalités, Nicolas Sarkozy. Ces listes ont été remises au magistrat par Jean-Louis Gergorin, alors vice-président d'EADS et qui dit avoir agi à la demande de Dominique de Villepin, son ami de longue date.

Dans le dossier envoyé aux magistrats, l'ex-Premier ministre s'en prend à Nicolas Sarkozy, car, selon lui, le dossier judiciaire est "privatisé" à son seul profit. "La sérénité et l'indépendance de la justice sont-elles possibles quand on sait que le président de la République est LA partie civile, qu'il a autorité sur la chancellerie et a la capacité à tout moment de donner des instructions dans un dossier qui le concerne personnellement ? N'est-il pas de ce fait juge et parti et cela étonne-t-il quiconque dans cet Etat de droit ?" Dominique de Villepin estime que le nom de Nicolas Sarkozy a été placé pour lui nuire sur les faux listings de Clearstream par d'autres que lui, dans le cadre des rivalités industrielles internes à EADS et non pour un mobile politique. L'ancien Premier ministre assure dans son dernier entretien en date, publié jeudi dans L'Est républicain, qu'il n'a jamais été le rival de Nicolas Sarkozy et n'a jamais caressé le projet de briguer l'Elysée. Il n'aurait donc aucun motif de comploter contre Nicolas Sarkozy.

Contraint par les juges en juillet de payer une caution de 200.000 euros, Dominique de Villepin a fait appel de cette décision. La chambre de l'instruction de Paris examinera cet appel vendredi. Le parquet général va demander le maintien des interdictions de rencontrer les acteurs de l'affaire mais plaiderait pour l'annulation de la caution.